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À découvrir
Dans un contexte général plutôt morose, Belinda Cannone revient avec un nouvel essai autour du sentiment d'émerveillement, après notamment "L'écriture du désir" (Prix de l'essai de l'Académie française, 2001).
Dans ce livre, l'auteure ne cherche à démontrer ni à imposer ses thèses : par l'exemple de ses propres expériences, elle parvient à nous convaincre que l'émerveillement est le meilleur parti face au "nihilisme" actuel. Loin, aussi, la vision naïve et/ou béate de l'émerveillement : la question est abordée, autant à la lumière des poètes et des philosophes astucieusement
choisis, qu'à celle, non moins pertinente, de l'auteur. L'émerveillement serait une étape de plus vers le bonheur, un état de concentration, de "vigilance poétique", dans lequel il faudrait être pour capter toute la saveur et la beauté des scènes, parfois banales (ou non), parfois éphémères, de notre quotidien. Le tout porté par une écriture libérée, d'une grande élégance, et surtout d'une grande maturité.
Né à Nice d'une famille mauricienne, JMG Le Clézio raconte, dans ce roman, l'enquête menée par Jérémie (son alter-ego) à la recherche de ses origines. En découvrant l'ile Maurice, ses habitants, ses secrets, et en quête insatiable d'un passé fuyant et tumultueux, Jérémie va se confronter au poids de l'héritage familial (la traite des noirs par ses ancêtres) et historique (le massacre des dodos par les premiers explorateurs), héritage qui pèse à l'auteur depuis toujours, et dont il fait la confession ici. C'est un livre sensible, évocateur, et terriblement sensuel : il est clair que Alma est, et restera, un livre capital dans l’œuvre de Le Clézio. Peut-être le plus réussi.
C'est un magnifique roman, décalé (dans le bon sens du terme !) dans l’œuvre de Véronique Ovaldé, qui commence dans l'île de Vatapuna, loin de tout, où la jeune Vera grandit entourée de femmes. Pour conjurer le sort et prendre son envol, la jeune fille quitte un jour son île pour commencer un formidable voyage initiatique. Avec un style enchanteur, et cette dichotomie permanente entre tradition et modernité, Ovaldé nous transporte et déploie ici un réel talent d'écrivain, une écriture riche et colorée, qui n'est pas sans rappeler le maitre Garcia Marquez, qui plane sur ses pages...
On connaît déjà Cécile Coulon pour sa belle œuvre littéraire en prose, mais sa première incursion sur le territoire de la poésie est couronnée de succès (elle à obtenu le prix Apollinaire pour cet ouvrage). Les poèmes de l'auteure fonctionnent un peu comme des bombes à retardement, avec un début déroutant, puis on se laisse doucement porter par la musique des mots qui s’enchaînent et de l'histoire qui se déroule, nous amenant à une chute toujours vertigineuse. Ce livre, en plus de nous faire emprunter une montagne russe de sentiments, nous rappelle à quel point la poésie fait, et à toujours fait partie intégrante de nos vies, de notre quotidien.
Ce roman policier de la française Karine Giebel est un véritable concentré de suspense et de stress, idéal pour occuper vos soirées ! Dans un style incisif et nerveux, l'auteur nous raconte l'histoire de Cloé, jeune femme à qui tout réussit, professionnellement et sentimentalement. A la sortie d'une soirée, elle se sent observée et suivie par une silhouette encapuchonnée, et c'est ici que l'angoisse commence... Vous suivez l'héroïne, affublée de cette "ombre" qui va littéralement lui pourrir la vie, et s'attacher à déconstruire sa belle situation et la dépouiller de ses attaches, si bien qu'au fil du roman, le lecteur en vient à se demander si ce n'est pas finalement l'héroïne qui tombe folle, ou bien si ce commissaire dit vraiment tout ce qu'il sait, etc...bref, on en vient à douter de tout dans ce roman noir et haletant, et c'est la où pointe le génie de Giebel. Attention aux cauchemars après la lecture !!
Un premier roman, venu des éditions Françoise Hamy en cette rentrée de janvier.
F. Pieretti nous raconte l'histoire bouleversante de Nathan, ayant quitté le sud de la France et le domicile familial pour Paris. Un jour, Nathan apprend la mort de son frère Gabriel, 18 ans, sur une route proche de chez ses parents.
Ce roman n'est pas celui de la peine ou du remord, mais celui du retour aux origines, et surtout de la formidable empathie que l'on ressent pour ce personnage qui essaye de reconnaître son frère à travers ses proches amis. Ce sont eux, les saltimbanques, qui sont finalement
au centre de ce livre : ils symbolisent la vie, et seront la rédemption de Nathan.
Gus, vieux garçon, est paysan dans les Cévennes. Un jour, il est témoin par hasard d'un évènement dans la ferme de son voisin, auquel il n'a quasiment jamais parlé, qui bouleversera son quotidien.
Chez Franck Bouysse, on est loin du polar où les personnages vont à 200 à l'heure ; l'auteur développe, avec une écriture ciselée, une littérature à mi-chemin entre Ron Rash et Sandrine Colette, magnifique, puissante, tellurique, dont les personnages ne laissent pas indifférents. A découvrir d'urgence !
"La Montagne Rouge" est une enquête prenant place au fin fond de la toundra suédoise, avec ses habitants hauts en couleur. Cela commence lorsqu'un squelette est découvert prêt d'un élevage de rennes. Le duo de flics, Klemet et Nina, vont bien vite se rendre compte que, au delà de l'identité dudit squelette, il s'agit de déterminer son appartenance au peuple Sami, afin de régler les violents conflits entre éleveurs de rennes et forestiers dans la région. Au fil de l'enquête, on (re)découvrira les aspects les moins flamboyants de l'histoire suédoise, et de la "désintégration" progressive des peuplades Sami depuis le XVIIIème siècle. Porté par une langue d'une justesse exceptionnelle, je recommande ce polar à tous les amateurs d'intrigues bien construites, de personnages attachants, et d'enquêtes à rebondissements. Un excellent polar, porté par une langue remarquable !
Cécile Coulon raconte le destin du village isolé des Fontaines, qui exploite la pierre pour subsister. Sur trois générations et à travers le prisme de deux familles locales, nous sommes littéralement plongé dans la vie de ce village, ses évolutions, au fil des années qui passent, et qui sèment leurs lots de joies et de peines. Ce livre est une fresque, un témoignage lumineux et chatoyant du temps qui passe, écrit avec une sensibilité, une grâce, mais aussi une dureté, qui ne peuvent laisser indifférent. On s'attache suffisamment aux personnages, à leur épaisseur, à leurs travers, pour que ce livre bouleverse. Un grand roman.
Peinture et Révolution
Cette trilogie, qui s'adresse davantage aux lecteurs ados qu'aux adultes, se révèle être solide grâce, notamment, à une enquête assez passionnante autour d'une obscure peintre de la Révolution, des personnages bien développés et de nombreux rebondissements très bien rythmés au gré des 3 tomes. On ne s’ennuie jamais et on évite allègrement les écueils du genre, portés par la plume légère de l'auteur (que l'on connaît pour l'excellente série Les Effacés). Le centre du roman est une lutte entre la République, représentée par un Président sans aucun scrupules, et le groupe Riposte qui rêve de s'affranchir de ce même pouvoir, si possible avec pertes et fracas ; la réussite de ce roman tient au fait d'avoir su intégrer la peinture au centre de cet éternel combat. Une réussite !