Chardin, la chair et l'objet

Un silence. Effet d'une peinture plus muette qu'une autre... A quelle demande inavouée - inavouable ? - répondit Chardin, chez des contemporains qui le reconnurent, malgré toutes les (bonnes) raisons qu'ils avaient de rejeter des toiles si peu " intéressantes ", et succombèrent à un charme dont l'ineffable de la couleur ne rend pas compte ? Ce siècle invente l'esthétique, où se reconnaît l'importance des enjeux de l'art. Questionner Chardin, c'est interroger cette esthétique en son point aveugle, à l'endroit où elle ne sait plus que dire. Repartir d'un silence pour retrouver la trace des mots enfuis - ou enfouis. Revenir à la langue du passé pour y décerner ce qui nous fait taire ? il ne s'agit pas de résoudre l'énigme de cette création, ni de La Création. Plutôt de proposer quelques hypothèses sur les trajets singuliers que semble suivre, à travers une symbolique inconsciente, la passion de voir et sur l'affaire qu'à la création picturale, en somme, avec la différence des sexes... Chardin ou le féminin de la peinture ?