12 mai 2031, dans les cieux. Dieu, ou plutôt Déesse, n’est pas contente lorsqu’elle découvre les derniers recensements d’animaux, sur Terre, et convoque, immédiatement, Noé, en charge de ce domaine. Toutes les coccinelles ont disparu, les ours blancs, également. D’autres espèces vont subir le même destin : « Il ne reste que quarante-trois tigres, cinquante-huit éléphants, trente-neuf gorilles et quatorze girafes à l’état sauvage » (p. 9).
Déesse est très en colère, Noé s’est accordé une pause de plusieurs décennies et n’a pas surveillé l’état de la planète
bleue. Même les Hommes ont pris conscience, avant lui, de la situation catastrophique. Un sommet, réunissant tous les chefs d’Etat, est organisé, suite au cri d’alarme de Martin Bénétant, un généticien et prix Nobel. Cette « semaine de la dernière chance » » va décider « du sort du monde animal » (p. 13). Hélas, les lobbyistes et les décideurs habituels, sont présents et leurs intérêts sont financiers. Brillant scientifique et malgré un stage d’Affirmation de soi, Martin n’a pas un talent d’orateur. Pour l’aider, Déesse envoie des animaux, transformés en humains, qui vont défendre leur cause. Le gorille, la truie, le chien et la chatte siamoise, qui vont se battre au nom de tous les animaux, n’ont pas été choisis par hasard : ils connaissent la part sombre de l’humanité.
Voix d’extinction comporte plusieurs angles de lecture.
Le premier est celui du rire. Déesse a un humour décapant, un caractère impétueux et les échanges avec elle, évoquent un duel de mots… sauf qu’elle est toujours la première à tirer et elle gagne le combat, à chaque fois. Les quatre consultants à poils ont une apparence humaine, mais leur formation au sujet des comportements humains, a été réalisée de manière accélérée. Aussi, ils ont des attitudes très surprenantes, qui ont des conséquences catastrophiques et extrêmement marrantes. J’ai, très souvent, éclaté de rire, en raison du comique de situation et des dialogues. Je vous laisse imaginer de quelle manière, un chien exprime son affection et comment un gorille montre son agacement. Je pense que vous devinez l’effet produit par une flaque de boue sur un cochon, etc. Cependant, tous quatre veulent réussir leur mission : les enjeux sont primordiaux pour les animaux, mais ils ont aussi des intérêts personnels, des promesses leur ayant été faites.
Le deuxième angle est celui de la cause animale. Même si le ton est léger, Sophie Hénaff porte des messages essentiels. Elle alerte sur les effets de l’industrialisation qui fait souffrir des animaux, entassés dans des batteries et utilisés comme des objets pour la reproduction de masse. Elle décrit les conséquences de la chasse sur la régulation des espèces, celle de notre consommation qui détruit l’habitat de certaines espèces. Elle rappelle que les animaux domestiques ne sont pas des meubles, que l’on peut abandonner, etc. Pendant l’écriture de son roman, deux espèces se sont, définitivement, éteintes.
Enfin, le troisième angle est celui de la tendresse. Je succombe souvent à la tentation de l’anthropomorphisme, aussi, j’ai été très émue et convaincue par les remarques des représentants de Noé. Ils ont tous approché la cruauté animale, sans réaliser que leur condition devrait être autre. Cléo, la chatte, qui a beaucoup observé les humains, est celle qui a la perception la plus nuancée de la dualité des bipèdes. Bill, le dalmatien, aime son maître sans conditions, même quand celui-ci l’abandonne. Rose, la truie, connaît le déchirement d’être séparée de ses bébés, mais n’a jamais pensé que cela puisse être différent. Kombo n’a jamais connu la vie sauvage. J’ai été très touchée de leur prise de conscience et des rêves qui en sont nés, l’expression de leur souffrance m’a saisie et j’ai eu le même espoir qu’eux : le changement avant qu’il ne soit trop tard.
Pendant ma lecture, je me suis dit, un grand nombre de fois, que j’étais complètement fan de ce livre, ce qui montre mon engouement. Avec beaucoup d’humour, Sophie Hénaff sensibilise à la cause animale. Les grands éclats de rire alternent avec les réflexions. C’est un coup de cœur pour moi.
La parole est aux Animaux
Tout simplement un livre d'actualité puisqu'il est question du réchauffement climatique et de la disparition des espèces !
Superbe lecture, à la fois drôle et instructive...elle permet aussi de se projeter sur une réalité qui, on le voit malheureusement, est en train de se produire...et franchement c'est plutôt angoissant.
Le point de départ du livre est tout simplement Dieu, ou plutôt Déesse (car ici dieu est une femme) qui va sérieusement enguirlander Noé (Oui oui LE Noé de l'arche) pour avoir laisser trop de liberté aux humains et les avoir laissé faire n'importe quoi à savoir : provoquer l'extinction des espèces. C'est le moment d'agir car justement va se tenir une réunion de tous les chefs d'État pour voter POUR ou CONTRE le "traité de protection de la Nature".
Noé va donc réquisitionner 4 animaux, chacun ayant un rapport bien particulier avec l'être humain : un gorille, une truie, une chatte et un chien, et les transformer en humain pour le temps de cette mission : faire remporter le "OUI" au traité. Et qui de mieux que les animaux pour défendre eux-mêmes leur cause.
Le caractère des animaux devenus humains est traité avec justesse et il y a une vrai réflexion sur les enjeux de la situation climatique, sans tomber dans le manichéisme.
Un très bon moment de lecture !!!