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"Le battement du sang dans ses veines devenait assourdissant,
au point qu'une abondante salive coula sur le menton de
Laszlo. Assez attendu. D'un coup sec, il planta ses canines
dans la carotide offerte. La proie tressaillit: ultime
frétillement. Libéré, le sang gicla avec force dans sa bouche et
sur sa poitrine, suscitant en lui une atroce jouissance. Alors
qu'il s'abreuvait à grands traits, Laszlo sentait décupler ses
facultés.
A chaque nouvelle gorgée, la fatigue et jusqu'à l'idée
même de lassitude s'évanouissaient. Chaud, salé et
délicieusement visqueux, le sang coulait dans sa gorge,
emplissait son estomac, régénérait un organisme séculaire.
Dans sa mémoire, des images se bousculaient en désordre: ses
premières victimes à Dymovo sous l'aimante conduite de
Théa, une charge dans la neige avec les cosaques, une fin de
nuit le long de la rue Morskaïa, un couple surpris au bois de
Boulogne et saigné séance tenante...
Quand il se releva, empli
d'une nouvelle vie, Laszlo eut un hoquet. Le trop-plein, sans
doute. Un zeste de nicotine ? Le vague dégoût qui lui était
venu depuis sa dernière dormition et dont il préférait ne pas
parler aux autres ?" Dandy, mélomane, Laszlo vit et tue à
Bruxelles dans le souvenir du Paris de Louis-Philippe, du
Moscou d'avant la Révolution. Sa rencontre avec une mortelle
lui fera découvrir les affres de l'amour et scellera son destin.
Conte intimiste et philosophique, Vogelsang rénove en le
subvertissant le mythe littéraire du vampire.
Un mythe subverti
« Laszlo Vogelsang, vampire mélomane raffiné, sévit à Bruxelles. Il se parfume chez Caron, lit Platon et Kleist, admire Mario Praz le vertigineux érudit dont personne n'ose prononcer le nom à Rome, pleure en écoutant Alfred Deller chanter Purcell, Laszlo, esthète délicat et solitaire avec qui on partagerait volontiers une coupe de sang non frelaté en écoutant Scarlatti ou Dowland! »
Gérard Oberlé, Lire