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En réalité, le procès en question n'avait rien d'un procès dit du siècle. Sauf, peut-être, les plaidoiries, de six heures chacune, de Me François Fauconnier, avocat général, et de Me Yves Mauroy, l'avocat de l'accusé. A cela s'ajoutaient les deux mille pages que contenait le dossier. Pour le reste, rien. [... ] Mais absolument rien. Donc, insuffisant pour prouver la culpabilité de Pierre Bougard. Insuffisant pour l'envoyer derrière les barreaux.
Il faut voir la justice pénale comme un gratte-ciel. Au rez-de-chaussée se trouve la salle d'audience. La prison au sommet. Pour y envoyer un accusé, ceux qui rassemblent les preuves de culpabilité doivent construire un escalier complet, solide et durable. Et chaque pièce à conviction constitue une marche. Il suffit que la toute dernière marche de l'escalier manque pour voir l'accusé se tirer d'affaire.
La justice pénale touche à la liberté des personnes. Par conséquent, on ne "bricole" pas. Tout doit être clair et net. Le doute n'y a pas sa place. Du moins, c'est ce que nous enseigne la théorie. Ah, la belle théorie ! Si elle pouvait correspondre en tout point à la réalité.