Voir sa grand-mère sous l'aspect d'une morte. Cette épreuve va être, pour la narratrice, l'occasion d'une seconde naissance. Grâce à ce premier face à face avec une mort si souvent imaginée se déchire le voile qui la séparait du monde. Ayant vécu, enfant et adolescente, dans un univers où la mort était niée, la peur que celle-ci engendrait était devenue obsédante, jusqu'à détruire en elle le sentiment du réel. Ce matin-là -ce " matin après la vie " - lui est révélé que la mort ouvre une porte sur le sacré : la défunte grand-mère est devenue le passeur vers un monde transfiguré. Ainsi est rendue à la jeune femme l'enfant qu'elle fut, fascinée par cet " autre monde " qu'elle devinait, derrière celui qu'on lui présentait comme rassurant. Ainsi lui apparaît le mystère d'humilité et d'amour caché dans cette amère traversée des apparences accomplie par sa grand-mère à l'approche de sa mort. Jusqu'à cet événement paradoxal : c'est cette vieille dame, demeurée agnostique jusqu'à la fin, qui, par sa dignité en la mort, va permettre à sa petite-fille de se laisser bouleverser par la foi.