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"Vous êtes bien le fils de votre mère." Je médite l'axiome de Tita. La vie qui me reste, l'avenir qui se contracte, est une interprétation de texte. A la masseria San Domenico, non loin de Monopoli, au terme d'une course matinale parmi les vignes, les champs de tomates et les oliveraies, après m'être trempé dans une eau tentatrice face à la côte albanaise, je m'assieds, souffle coupé, au pied d'un petit muret délabré.
Il est huit heures. Je sèche au soleil. - Je voudrais voir où vous êtes. Racontez-moi. - A gauche, le grand bassin d'eau de mer, lieu privilégié de nos paresses les plus voluptueuses, devant moi la rougeur explosive des tomates qui enfièvre la terre brune, et tout au loin, à l'horizon, la bande marine de l'Adriatique qui mêle au ciel azuré son bleu panique. - Oui. Je vois tout ça, comme si j'étais avec vous.
Il n'y a pas plus beau que la Méditerranée ! Je suis contente que vous soyez bien. Vous me rappelez ce soir ? - Oui. A l'heure de l'Americano. L'heure de l'Americano, c'est l'heure à laquelle je pense à Fred. Pour moi, c'est une heure émue, un goût amer, un recueillement solitaire, une saveur de campari qui m'exhorte à une légère ivresse, à la prière, au ressaisissement de l'esprit.