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Si la mémoire collective retient André Bazin (1918-1958) comme le grand critique de cinéma du premier siècle et l'un des théoriciens majeurs de cet art, sa mémoire éditoriale, elle, est en panne depuis 1983. La différence énorme entre ta connaissance éditoriale partielle (moins de cent-cinquante textes trouvables aujourd'hui à condition de se procurer tous tes livres épuisés) et la connaissance complète (deux mille six-cent seize articles et deux ouvrages - parmi les vingt existants - partiellement non contenus dans ceux-ci) est flagrante à la lecture et change complètement la perspective historique et théorique.
L'intégrale Bazin fait de Lui un témoin unique de l'activité du cinéma en France et de sa vie culturelle au sens large entre 1944 et 1958, mais elle offre surtout ta découverte d'une véritable oeuvre d'historien d'art. Jusqu'ici publiée sous forme d'anthologies (la plupart posthumes, car il n'a pu diriger entièrement que le premier tome de Qu'est-ce que te cinéma ?), l'oeuvre de Bazin n'a pu s'exposer dans sa puissance réelle.
La théorie du "réalisme ontologique" de Bazin. apparemment liée au cinéma argentique, n'a pas été rendue caduque par la mutation numérique. Bien au contraire, ses réflexions ouvertes sur le "cinéma total", l'enregistrement, ta croyance. le mythe, le rapport aux autres arts, nourrissent les remises en cause théoriques nécessitées par les nouveaux médias et la migration, sans disparition, du cinéma vers ceux-ci et vers le musée.
C'est du moins ce qui ressort des discussions récentes, de plus en plus nombreuses, sur les écrits attendus de Bazin.