Je n'avais rien lu de Daeninckx et, comme je suis en vacances, l'étal de ma librairie présentant le dernier livre sorti de cet auteur, je me suis dit : "Tiens, laissons-nous tenter" ... mais j'ai choisi une de ses oeuvres plus anciennes, en livre de poche, pour voir. J'ai passé ma journée dans ce livre, passionnée par cette histoire pourtant récente dont je ne savais finalement presque rien. Captivée par la lecture de la découverte par ce jeune journaliste de L'Humanité de la réalité du stalinisme. Tout en lisant, j'ai passé des heures sur internet pour approfondir les données sur
cette période : les purges staliniennes, les procès de Moscou et de Prague. J'ai lu à sa sortie en 1973 L'archipel du goulag de Soljenitsyne (et le Pavillon des cancéreux que j'ai beaucoup aimé). Mais dans Missak, on découvre le versant français de la manipulation de l'histoire au profit d'une idéologie et c'est passionnant.
L'autre versant attachant du livre est l'évocation de la communauté arménienne et du génocide. Là aussi, on entend régulièrement ce terme, mais qui sait vraiment de quoi il retourne ; j'avais déjà approfondi les choses avec un autre roman que je recommande à tous : Le cahier d'Aram, de Maria Angels Anglada.
Enfin - et surtout - on suit Missak Manouchian dans son itinéraire, de l'Arménie à la résistance et à son exécution le 21 février 1944. L'Affiche rouge, pour moi tout un symbole, mais dont j'ai découvert avec étonnement que mes filles jeunes adultes n'en connaissaient pas l'existence.
D'où la nécessité impérieuse que des livres comme celui de Didier Daeninckx continuent d'être écrits, lus et recommandés.
En selle avec Willy Ronis
Certains sujets semblent être fait pour Didier Daeninckx...
Nul n'est meilleur que lui en effet pour nous raconter la Seine qui déborde et la neige qui empire les choses dans un Paris des années 50 où la dernière guerre semble déjà loin et dans l'histoire de chacun. Il tend des passerelles entre La grande Histoire et la petite, nous conte l'histoire de petits et de grands héros, et en selle derrière Willy Ronis, on mène l'enquête, on s'assoit pour écouter quelqu'un qui raconte et on voit bien que toujours la politique le dispute à l'humanité...
Un morceau d'histoire et un concentré d'humanité !