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Pierre-Daniel Huet (1630-1721) resta longtemps un des rares érudits du XVIIe siècle à jouir de la faveur des amateurs du Classicisme, ainsi Voltaire qui comprit que Huet aurait été son vrai rival s'ils avaient été contemporains ou Sainte-Beuve qui discerna chez l'évêque d'Avranches un esprit frère. Huet incarne l'homme de lettres tel que l'Age Classique, encore humaniste, le concevait : un lecteur critique qui sait savourer et faire partager à ses amis les monuments de la littérature, qu'elle soit grecque, scandinave ou syriaque ; un savant pour qui les frontières, que contribua à dresser Descartes, entre les sciences et les lettres et, à leur intérieur même, entre les sciences de l'homme et celles de la nature, entre la création et la critique, n'existent pas.
Huet nous a laissé par exemple la première véritable théorie du genre romanesque, un des premiers grands textes sur la traduction, des travaux d'apologétique et ces Mémoires. Car, sous la monarchie absolue, Huet sut aussi conduire à son terme une carrière exemplaire : courtisan (en Suède et à Versailles), académicien, "consultant" de toute l'Europe savante, précepteur royal, prince de l'Eglise il agit en stratège consommé, et triomphe.
C'est cette aventure de l'intelligence que racontent ces Mémoires, document essentiel à une meilleure compréhension du statut de l'écrivain au XVIIe siècle.