En cours de chargement...
La découverte de centaines d'œuvres d'art dans l'appartement d'un octogénaire munichois, 70 ans après la fin de la guerre, a fait resurgir de vieux fantômes : le vieil homme n'était-il pas le fils d'un célèbre marchand d'art ayant œuvré pour le Reich ? À Marseille, un modeste couple de retraités des quartiers Nord, Valentine et Ludovic Bertignac, entame une procédure judiciaire afin de récupérer une dizaine de tableaux retrouvés à Munich.
Clovis Narigou, qui a un urgent besoin d'argent, effectue quelques piges pour un grand magazine national. On le retrouve en Ariège, sur les traces d'un des plus grands mathématiciens du XXe siècle qui a fui le monde pour y mourir en ermite. De fil en aiguille, Clovis va s'intéresser au camp de Rieucros, en Lozère, où le matheux a séjourné avec sa mère. Un camp pour femmes et enfants, créé alors par Vichy.
Clovis apprend que Valentine Bertignac y a également été incarcérée. Pour les besoins de son enquête, Clovis va se replonger dans ces années noires, la guerre que livra Goebbels à l'art dégénéré et le pillage des collections juives par Goering. Tout va s'accélérer lorsqu'il apprend l'assassinat sauvage des époux Bertignac au cours d'un bien curieux home-jacking. Les spoliations, la mise à l'index de l'art dégénéré, les camps d'internement, autant d'éléments, de tragédies, dont le dénominateur commun est l'Homme, toujours capable et quelle que soit l'époque, des pires exactions.
On a beau le savoir, s'en méfier même, de tels romans sont toujours une indispensable et salvatrice piqûre de rappel… D'autant qu'entres découvertes historiques, badinages de son héros et empathie pour ses personnages forts et attachants, lire un polar de Maurice Gouiran reste toujours un moment à part, une parenthèse privilégiée où les faits et la matière humaine se mêlent pour mieux nous étonner, nous apprendre et nous surprendre.
RECOMMANDÉ PAR LE SITE CULTURE CHRONIQUE
Le nouveau Gouiran est arrivé ! Bonne nouvelle pour les amateur de polars aux enquêtes bien ficelées qui font surgir des pans enfouis de l'histoire européenne. Chez Maurice Gouiran le roman est toujours noir parce que notre auteur possède un talent particulier : celui de débusquer dans chaque recoin d'humanité son pesant de saloperie, d'ignominie et de brutalité. Avec "Maudits soient les artistes" on aurait tort de se réjouir d'avoir affaire à des artistes , d'abord parce que ces derniers sont mors depuis belle lurette, ensuite parce qu'il s'agit en vérité de leurs oeuvres que des individus sans scrupules auraient spolié à d'autres.
Tout part du décès d'un octogénaire munichois - fils d'un marchand d'art nazi - dont l'appartement regorge d'oeuvre d'art dont les provenances semblent pour le moins peu orthodoxes. Et nous voilà partis sur les routes sinueuses et pentues de la grande Histoire en compagnie de Clovis Narigou un pigiste dont les enquêtes l'amènent à explorer des biographies de personnages sortant pour le moins de l'ordinaire, celle par exemple d'un mathématicien qui s'en est allé mourir en solitaire au fin fond de l'Ariège. Clovis est un acharné et ses recherche sur le matheux anachorète l'amène à s'intéresser au camp de Rieucros, en Lozère, où notre mathématicien avait séjourné avec sa mère à l'époque où le régime de Vichy parquait des populations destinées à des destinations définitivement finales. Narigou rouvre alors les sales dossiers d'un collaboration que les 2% de résistants français à fait oublier un peu vite. L'assassinat d'un couple de retraités marseillais qui avait ouvert une procédure judiciaire pour récupérer une partie des oeuvres du vieux munichois va soudain orienter le cours des recherches de notre enquêteur du côté des marais nauséabonds des pillages impunis des collections juives par les sbires bottés de Goering.
Avec "Maudits soient les artistes" Maurice Gouiran nous précipite dans l'ombre du grand aigle noir qui plongea l'Europe dans ses pires années de crépuscule. On visite des contrées où l'existence humaine ne valait pas tripette et l'on comprend que le passé ne se referme jamais tout à fait. Comme dans un roman de Lovecraft les esprits diaboliques ne demandent qu'à ressusciter. Un roman plus que noir....
Archibald PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE.COM)