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S'il existait encore un sauvage, comme le Huron de Voltaire, indemne de nos erreurs et de nos préjugés, un homme simplement homme devant la Nature, homme ne connaissant du vieux monde ni les alcools frelatés, ni le général Marchand, ni la contagion syphilitique, ni les missionnaires, ni les gazettes, un homme enfin que n'aveugle aucune des tares léguées par deux mille ans de christianisme, il serait à peu près impossible de représenter à cet ingénu en quoi consiste la mécanique et le recrutement des armées permanentes.
Ainsi commence la "Lettre aux conscrits" de Laurant Tailhade (1854-1919), pacifiste et libertaire.