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A partir de l'été 1914, les sociétés européennes paraissent brutalement saisies par la guerre et, ce faisant, saisies par l'Etat. C'est en son nom que des millions d'hommes vont s'affronter, sous l'uniforme, et que s'opère une gigantesque "mobilisation" des corps, des esprits et des ressources, pour reprendre le terme de l'époque toujours employé par les historiens et les historiennes. Cent ans plus tard, alors que tous les Etats ayant fait la guerre ont engagé de vastes programmes de commémoration, le moment semblait particulièrement opportun pour comprendre comment l'Etat parvient à faire la guerre et ce que la guerre fait à l'Etat.
L'emprise de l'Etat est-elle immédiate, progressive, continue ou discontinue ? Connaît-elle des phases d'essoufflement, des ratés ? S'accompagne-t-elle de phénomènes parallèles de "déprise"? Loin de toute généralité ou de toute extrapolation hasardeuse, est-il possible de repérer des formes de résistance ou d'évitement ? Interroger le processus de nationalisation des sociétés européennes, tel est l'un des enjeux de cet ouvrage pluridisciplinaire, largement ouvert dans l'espace et dans le temps autour du point de référence de 1914.