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Un rescapé n'est pas un survivant tout court : le simple fait d'être resté en vie là et quand tant d'autres ont péri ne suffit pas. Un rescapé n'est pas un pauvre être ou un coupable : il a le devoir de vivre pleinement pour lui et pour la mémoire de ceux que le souffle de la vie a reniés. Etre un rescapé n'est point la fin d'un danger : c'est le début permanent d'un long travail de conscience. Une conscience qui révélera au rescapé que le danger n'est jamais assez loin car c'est bien nous qui le fabriquons à chaque instant.
Il se rendra compte que tout un chacun est un rescapé de quelque chose, car la souffrance, quelle qu'elle soit, demeure une douleur éprouvée par un sujet qui l'endure dans une solitude implacable même s'il est bien entouré. Il apprendra que le vrai danger est l'ignorance qui nous vient sous forme d'oubli et l'oubli qui nous vient sous forme d'ignorance. Le rescapé est condamné à se souvenir pour se prémunir contre l'évanouissement qui nous menace tous.
Il essaiera de transformer son périple en un document non orphelin qui aura, peut-être, le mérite d'être consulté. Tarek SOUILMI