Une rupture entre la gauche et le peuple est largement observable tant celle-ci est nette. A partir de quand et pourquoi cette séparation ? C'est l'interrogation qui est à l'origine de ce livre réunissant deux grands intellectuels français : Jacques Julliard et Jean Claude Michéa. Dans cet ouvrage, nous avons droit à un débat épistolaire de très bonne facture. Autour de neuf lettres d'une grande richesse, nous assistons à un échange passionnant.. Comme l'écrit Julliard, les protagonistes cherchent ici à « faire avancer l'objet commun » de la discussion et non d'imposer leurs idées.

Débat constructif et enrichissant puisque que beaucoup de choses opposent les auteurs tant dans le constat que dans les solutions à apporter. Mais c'est là, ce qui fait la richesse et la force du livre car malgré les désaccords, les deux auteurs restent à l'écoute des arguments de l'un et l'autre.

L'analyse proposée de la
société actuelle est pour le moins sombre : société du tous contre tous, l'emprise écrasante de la sphère économique, la croissance par tous les moyens (jusqu'à l'épuisement des ressources du globe, des travailleurs), la financiarisation généralisée, l'atomisation de la société prennent le pas sur tout le reste. Loin de s'arrêter à un simple constat. Les deux intellectuels proposent des solutions qui peuvent permettre de rétablir un lien de confiance entre le peuple et les hommes politiques.

Et comme l'écrivait très bien Michel Winock dans un article de la revue l'Histoire : « Regagner à elle les classes populaires devient un des objectifs majeurs de la gauche, qui n'arrive plus à s'identifier à la protection des plus démunis et des moins instruits, des plus menacés par la mondialisation du capitalisme financier : en perdant leur confiance, c'est son identité et son avenir qu'elle est en train de perdre. »