1915, aux environs d’Erzeroum, Arménie turque. Deux sœurs, Araxie, dix ans, et Haïganouch, six ans, assistent à l’assassinat barbare de leur maman. La plus petite survit, miraculeusement, aux coups qu’elle a elle-même reçus, mais devient aveugle. La plus âgée réussit à se cacher. Elles sont alors confiées à leur oncle qui vit à Erzeroum. Trois jours après, Talaat pacha, le ministre de l’Intérieur turc, ordonne le déplacement des populations arméniennes, terme qui désigne, en réalité, la déportation. Cet homme a décidé de tuer tous les hommes, femmes et enfants arméniens
sans exception. Près de deux cent mille personnes doivent entreprendre une marche de la mort. Le premier convoi part le lendemain matin. Avant même le départ, les Arméniens subissent des tortures psychologiques qui amusent leurs geôliers. Dès le premier jour, les hommes sont exécutés, puis Araxie et Haïganouch perdent tous les membres de leur famille. Une vieille dame, Chakée, les prend sous sa protection. Grâce à elle, elles survivent à la faim, à la soif, aux sévices et à l’épuisement. Pour leur épargner la mort dans le désert, dans lequel sont emmenés les prisonniers, elle les vend comme esclaves à un médecin. La vie sans la liberté. Leur maîtresse est une jeune Turque adorable. Hélas, en tant que fille, elle est, elle aussi, victime des lois musulmanes envers les femmes et ne peut empêcher la séparation des deux sœurs. Les évènements politiques les éloignent encore plus. Aucune ne sait dans quel pays vit l’autre, ni si elle est encore vivante.
L’oiseau bleu d’Erzeroum est l’histoire romancée des grands-parents de l’auteur. Araxie est sa grand-mère. Les six premiers chapitres qui décrivent la déportation, qui a duré six mois pour Araxie et Haïganouch, sont effroyables de violence, de barbarie et de souffrances. L’auteur a choisi de montrer la réalité de la cruauté du génocide, tous les faits sont véridiques. Cependant, il a accédé à la demande de son éditeur « de supprimer les deux scènes de massacre les plus violentes ». J’ai lu cette partie le corps en révolte, le cœur déchiré, les larmes qui coulaient et l’âme horrifiée. J’ai été terrassée par les crimes et les tortures et j’ai été bouleversée par le courage des petites filles, qui veillent l’une sur l’autre, et par l’humanité, ainsi que par l’abnégation de Chakée. Cette dernière a fait des choix qui m’ont émue aux larmes. Ces passages douloureux sont nécessaires pour rappeler ce que les chiffres et les statistiques ne disent pas : ce sont des hommes, des femmes et des enfants qui ont connu l’enfer, ce ne sont pas des nombres, mais des êtres humains.
Et pourtant… pourtant, ces petites filles, rescapées du génocide, continuent à sourire, à rire, à s’amuser. Après la première partie, malgré les épreuves et les douleurs qui continuent à s’abattre sur elles, le goût de vivre est plus fort que tout. La vie met de belles personnes sur leur chemin, quand elle les force à fuir. L’oiseau bleu d’Erzeroum est aussi une histoire d’hommes valeureux : Haïgaz et Agop en sont de merveilleux exemples. Ils sauvent des vies au péril de la leur. Ils ont la fougue de la jeunesse et l’envie de liberté en étendard. Ces combattants arméniens sont terriblement attachants. Parfois inconscients du danger, ils nous amusent, malgré les situations dramatiques : Haïgaz doit souvent rattraper les paroles de son ami. D’autres personnages masculins, comme Christopher ou encore Hovannes, qui continuera le combat en Europe, en tentant de stopper Hitler, sont émouvants et forcent le respect. La capacité de résilience des protagonistes est extraordinaire. En effet, dans ce roman, les bonheurs, l’amitié et l’amour, parviennent à émerger de l’horreur.
Ce premier tome de cette magnifique saga familiale raconte les bouleversements de l’Histoire, provoqués par la folie des Hommes. Elle s’étend de 1915 à l’aube des années 1940 et se déroule dans plusieurs pays d’Orient et d’Occident. Tirée des récits de sa grand-mère, qu’elle ne pouvait pas terminer, suffoquée par les sanglots, Ian Manook, de son vrai nom, Patrick Manoukian, a écrit un livre de mémoire puissant, empli de poésie et d’émotion, qui fait saigner le cœur, tout en le remplissant d’espoir et d’amour pour ces enfants de la diaspora arménienne. Ce roman est d’une beauté mémorable et c’est un coup de cœur magistral pour moi.
Un roman d’une beauté inoubliable
1915, aux environs d’Erzeroum, Arménie turque. Deux sœurs, Araxie, dix ans, et Haïganouch, six ans, assistent à l’assassinat barbare de leur maman. La plus petite survit, miraculeusement, aux coups qu’elle a elle-même reçus, mais devient aveugle. La plus âgée réussit à se cacher. Elles sont alors confiées à leur oncle qui vit à Erzeroum. Trois jours après, Talaat pacha, le ministre de l’Intérieur turc, ordonne le déplacement des populations arméniennes, terme qui désigne, en réalité, la déportation. Cet homme a décidé de tuer tous les hommes, femmes et enfants arméniens sans exception. Près de deux cent mille personnes doivent entreprendre une marche de la mort. Le premier convoi part le lendemain matin. Avant même le départ, les Arméniens subissent des tortures psychologiques qui amusent leurs geôliers. Dès le premier jour, les hommes sont exécutés, puis Araxie et Haïganouch perdent tous les membres de leur famille. Une vieille dame, Chakée, les prend sous sa protection. Grâce à elle, elles survivent à la faim, à la soif, aux sévices et à l’épuisement. Pour leur épargner la mort dans le désert, dans lequel sont emmenés les prisonniers, elle les vend comme esclaves à un médecin. La vie sans la liberté. Leur maîtresse est une jeune Turque adorable. Hélas, en tant que fille, elle est, elle aussi, victime des lois musulmanes envers les femmes et ne peut empêcher la séparation des deux sœurs. Les évènements politiques les éloignent encore plus. Aucune ne sait dans quel pays vit l’autre, ni si elle est encore vivante.
L’oiseau bleu d’Erzeroum est l’histoire romancée des grands-parents de l’auteur. Araxie est sa grand-mère. Les six premiers chapitres qui décrivent la déportation, qui a duré six mois pour Araxie et Haïganouch, sont effroyables de violence, de barbarie et de souffrances. L’auteur a choisi de montrer la réalité de la cruauté du génocide, tous les faits sont véridiques. Cependant, il a accédé à la demande de son éditeur « de supprimer les deux scènes de massacre les plus violentes ». J’ai lu cette partie le corps en révolte, le cœur déchiré, les larmes qui coulaient et l’âme horrifiée. J’ai été terrassée par les crimes et les tortures et j’ai été bouleversée par le courage des petites filles, qui veillent l’une sur l’autre, et par l’humanité, ainsi que par l’abnégation de Chakée. Cette dernière a fait des choix qui m’ont émue aux larmes. Ces passages douloureux sont nécessaires pour rappeler ce que les chiffres et les statistiques ne disent pas : ce sont des hommes, des femmes et des enfants qui ont connu l’enfer, ce ne sont pas des nombres, mais des êtres humains.
Et pourtant… pourtant, ces petites filles, rescapées du génocide, continuent à sourire, à rire, à s’amuser. Après la première partie, malgré les épreuves et les douleurs qui continuent à s’abattre sur elles, le goût de vivre est plus fort que tout. La vie met de belles personnes sur leur chemin, quand elle les force à fuir. L’oiseau bleu d’Erzeroum est aussi une histoire d’hommes valeureux : Haïgaz et Agop en sont de merveilleux exemples. Ils sauvent des vies au péril de la leur. Ils ont la fougue de la jeunesse et l’envie de liberté en étendard. Ces combattants arméniens sont terriblement attachants. Parfois inconscients du danger, ils nous amusent, malgré les situations dramatiques : Haïgaz doit souvent rattraper les paroles de son ami. D’autres personnages masculins, comme Christopher ou encore Hovannes, qui continuera le combat en Europe, en tentant de stopper Hitler, sont émouvants et forcent le respect. La capacité de résilience des protagonistes est extraordinaire. En effet, dans ce roman, les bonheurs, l’amitié et l’amour, parviennent à émerger de l’horreur.
Ce premier tome de cette magnifique saga familiale raconte les bouleversements de l’Histoire, provoqués par la folie des Hommes. Elle s’étend de 1915 à l’aube des années 1940 et se déroule dans plusieurs pays d’Orient et d’Occident. Tirée des récits de sa grand-mère, qu’elle ne pouvait pas terminer, suffoquée par les sanglots, Ian Manook, de son vrai nom, Patrick Manoukian, a écrit un livre de mémoire puissant, empli de poésie et d’émotion, qui fait saigner le cœur, tout en le remplissant d’espoir et d’amour pour ces enfants de la diaspora arménienne. Ce roman est d’une beauté mémorable et c’est un coup de cœur magistral pour moi.