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Mon cancer a un drôle de nom. Il évoque en moi quelque chose de goûteux et sucré. Il s'écrit myélome, mais moi je pense " miel-homme ". Je pense à mes os qui ont perdu de leur rigidité, à mes os tendres, à la pulpe à l'intérieur qui les ramollit, les fragilise. Cette pulpe qui est comme du miel. J'ai de la chance, finalement. Si j'avais eu le choix, entre tous les cancers, c'est celui-ci que j'aurais choisi.
J'aime bien la façon dont il sonne quand je prononce son nom à voix haute. Mon cancer s'écrit myélome et je ne peux m'empêcher de penser " miel-homme ". Il me paraît plus doux, du coup, moins agressif. Grâce à lui, je me sens comme un héros Marvel. Je suis l'Homme de miel.
Somme de ciels.
L'homme de miel, c'est du sucre : dans la bouche, dans la tête et pour les yeux.
Dans une langue parfois lunaire, souvent solaire, nous suivons la vie ventée d'un homme qui couve un truc – un cancer – mais qui ne veut pas le montrer. De consultations en rendez-vous presqu'adultère chez son médecin, de dépits en défis, de mort en vie, l'auteur nous conte sa fable, sa thérapie. Et du brouillard alors sort une clarté, s'y creuse un couloir. Des espoirs.
Les chapitres courts très courts de ce roman sont autant d'instantanés, autant de ciels, de possibles d'une vie qui tremble, qui tient à quoi ? à rien, si ce n'est l'amour de la littérature, et de la poésie ; le soutien d'un clan, la présence d'une famille.
Merci à Olivier Martinelli et à Christophe Lucquin, son jeune éditeur, tous deux talentueux et audacieux, pour ce beau roman tout en pudeur, en émotion. On en ressort bouleversés, changés.