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(Espagne Juillet 2017) Prix Dashiell Hammett. Madrid est baignée d'une mer noire comme de l'encre. Les professeurs ont tous été renvoyés au profit de prêtres, qui enseignent une seule matière : la religion. Les animaux, préférant abandonner les humains à leur folie, sont partis. Ils sont remplacés par des animaux mécaniques en métal. Igi W. Manchester vit dans la rue parmi les mange-ordures et les non-gouvernables.
Malgré la misère, les fonctionnaires du Cube ne cessent de dire que tout va bien. Un jour, Igi rejoint un groupe de résistance pour infiltrer le Cube. Il change de nom et gravit les échelons. Mais il finit par oublier qui il est et va jusqu'à tuer ses proches pour prendre la tête du Cube. Il renie tout ce qu'il a été et devient le pire maillon du système qu'il dénonçait. A l'horizon, les bateaux sombrent, une marée noire se répand dans la ville.
L'action se déroule sur plus de vingt ans.
Je suis la frontière
La ville de Madrid baigne dans les eaux d'une pluie perpétuelle, les vagues de la mer noire comme de l'encre viennent ruisseler sur ses contreforts,
Madrid ressemble à une enclave séparée du monde.
Les mange-ordures peuplent les rues sordides d'une ville où l'on peut entendre bruisser le murmure des morts, les milices anti-émeutes et les flics tabasseurs s'occupent de tout !,
les animaux sont mécaniques, le citoyen sous ultra-surveillance, la violence est affaire quotidienne,
ici le migrant se retrouve reclus derrière les grilles des bouches de métro,
les soutanes des prêtres sont des ailes de dragon, des rivages de la mer on entend chanter des sirènes érotiques,
l'homme n'a plus de nom, les rues n'ont plus de nom, les immeubles sont désertés puisque plus personne ne peut se payer le loyer, la pauvreté est l'apanage d'une société gangrenée par le vice et la corruption, par la peur et la soumission,
jonchées de cartons dans lesquels survivent à peine les sans-abri, les non-avortés et les non-gouvernables, les artères de la ville de Madrid sont des corridors froid, brumeux, nauséabonds où règnent torpeur et angoisse,
Un exercice de style qui n'hésite pas à briser les codes afin de mieux délivrer un propos sensible d'une civilisation à la dérive. Les frontières entre le bien et le mal, entre la dignité et l'abandon de toute considération éthique se font poreuses...
Je suis la frontière est un récit d'anticipation halluciné et complexe, un univers qui fait froid dans le dos tant la résignation et la désolation trônent en maître.
Terrifiant mais grisant !