Ici Deluge - Grand Format

Des squelettes d'histoires pour des simulacres de relation. Des cris cinglés dans un monde sans écho. Les êtres y sont fous d'eux-mêmes. S'ils n'en peuvent plus de se parler, de forniquer, de simuler, surtout, leur témoin malveillant orchestre la cérémonie du désamour. C'est que l'écriture, ici, voudrait arracher un improbable aveu d'impuissance, donner à voir les intimes impostures qui constituent les existences singulières. On entend l'impatience d'une voix qui semble s'insurger contre une véritable manie collective : celle de noyer le poisson, d'agiter une langue de bois. Dans Ici déluge, le quotidien est le matériau d'un désastre annoncé, mais transfiguré par une écriture parfaitement maîtrisée qui conduit le lecteur là où il ne s'est jamais rendu autrement qu'en fermant les yeux : au cœur de sa propre vie. On pensera à Beckett, mais un demi-siècle plus tard : le déluge n'en finit pas de commencer.