Biographie d'André de Toth
André de Toth, le dernier borgne d'Hollywood, est né en 1906 (?) en Hongrie. En 1939, il signe cinq films, tourne l'invasion nazie en Pologne puis file aux USA où il réalisera des westerns avec Kirk Douglas (La Rivière de nos amours), Randolph Scott (six films) et Robert Ryan (La Chevauchée des bannis, aussi personnel et original que Johnny Guitare), deux classiques du film noir (Crime Wave avec Sterling Hayden et Pitfall avec Dick Powell), un film en relief (et l'un des plus célèbres: L'Homme au masque de cire), et le radical et âpre Play Dirty, l'un des films préférés de Martin Scorsese, tourné en 1968 dans le désert d'Almeria.
De Toth a tout fait, mené grande vie à Hollywood et à Cinecittà, travaillé pour les grands studios et pour des producteurs indépendants, sans jamais perdre son tempérament de feu.
Comme l'on pouvait s'y attendre venant d'un tel personnage, Fragments n'est pas une autobiograpbie comme les autres. Plutôt la traduction littéraire d'une existence singulière. Dans ses dédicaces, de Toth n'omet pas ses "dix-neuf enfants et leurs mères, où qu'ils soient", ni ses sept épouses, et salue le " frère aîné de ma mère, un vrai fils de pute. Il me donna l'exemple de ce qu'il ne fallait pas devenir. Je lui en suis reconnaissant." Il rappelle ce qu'il doit aux Korda et remercie Harry Cohn, le mogul de la Columbia, qui ne l'a pas viré après un
dépassement de sept jours sur un tournage de... sept jours, ainsi que Jack Warner pour "avoir laissé un borgne réaliser un film en relief": "Eh quoi, Beethoven n'était-il pas sourd ?" répond-il quand on s'en étonne.
Après Une vie dans le cinéma de Michael Powell qu'elle rejoint en ampleur et en originalité, une nouvelle autobiographie d'un grand cinéaste est enfin publiée en français.