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Quelques jours après le dîner au cours duquel cinq amis ont fixé la destination de leurs vacances d'été, des événements parfois ambigus viennent perturber leur existence : Georges (qui vient d'être quitté) tombe amoureux, William (qui habite en face d'un hôpital) fait une embolie pulmonaire, Paul et Louise envisagent de se séparer (mais pas avant la fin des vacances) et Jean apprend qu'il attend un enfant (d'une femme qu'il n'aime pas).
Le projet de départ n'en est pas moins maintenu, auquel on n'ose plus trop faire allusion. Le désordre semble être le moteur de ce roman où le passage du temps inquiète, où la mort et l'humour rôdent, où ce qui advient oblige à des glissements, à des aménagements, à des choix opérés dans l'urgence. Christian Oster saisit ses personnages à l'instant précis où leur vie bascule et les précipite face à eux-mêmes.
L'âge du retrait
"On était tous un peu âgé" / 'Des habitudes et des goûts" / "C'est plutôt le temps". De quel nature est-il d'ailleurs le temps pour cette petite bande de parisien cinquantenaire, ni trop ami, ni trop indifférent les uns aux autres ? Le temps, c'est la vraie matière de ce roman encore une fois absolument incroyable pour Christian Oster, passé à l'Olivier avec le sublime "Rouler" l'an dernier. Celui-ci est encore plus fort. C'est une œuvre de maturité et sur une forme de maturité, le passage à un autre âge. Mais encore une fois c'est un récit existentiel et profond qui ne joue ni sur les poncifs du genre ni une quelconque prétention. Comme dans certains films français, on passe d'un prénom à un autre, d'un caractère à l'autre et petit à petit on tisse les liens qui doivent être fait mais le grand sujet, c'est le temps et là Oster n'est jamais aller aussi loin, c'est d'une profondeur inouïe sans en avoir l'air et ça va loin, " le temps avance toujours un peu en avant de nous, il nous tire par la main comme des enfants qui rechignent mais qui ne connaissent pas le trajet, il nous accompagne en silence, il ne dit rien parce qu'il ne veut rien dire, lui non plus, c'est un grand muet qui marche et que nous suivons de force, et qui ne nous éduque pas, qui ne nous apprend rien." On est parfois au bord d'être heureux mais on s'arrange d'un semblant d'amitié ou d'un semblant d'amour mais on ne s'attarde jamais trop, on avance et le temps avec. Un grand bouquin ! C'est étonnement vivant et métaphysique. Un grand Oster !