Roman très court, 150 pages, qui se déroule dans le monde du cinéma à l'occasion du festival de Cannes et se lit avec délectation.
Roman Strajnic est délibérément dans la satire de bon aloi, il frappe juste, avec vigueur et nous dépeint un monde merveilleux qui occulte bien des turpitudes. Nous le savions, mais de le voir décrit avec cet humour décapant, toujours à la limite du dérapage, a quelque chose de jouissif.
Les personnages que l'on reconnait sont plus vrais que nature. Comme le commentateur cinéma de Canal+, Laurent Weil rebaptisé ici Roland Vieil, qui sur joue l'admiration
et multiplie les « C'est ça ! Cannes ! ». Ou encore Pedro Almodovar le Président du jury « Autoritaire et fier, dans sa chemise bariolée. »
Dusan Savicevic, un serbe qui a fui Vukovar en 1999 et exerce le métier d'agent de sécurité pour l'agence GuardCorps dont le patron est Jean-Marc Chiaramonti, un manager aux dents longues.
Il est recruté par l'équipe de sécurité du film Days of Hell. Pour lui c'est la consécration, mais sa naïveté le rend peu opérationnel et il commet erreur sur erreur, oubliant tout ce qui en faisait un garde du corps fiable.
Roman Strajnic propose une galerie de personnages truculents, Molly l'assistante de la vedette, une Canadienne née à Chicoutimi, incapable de résister aux offres d'alcool de substances illicites et de sexe qui sont légion au cours des soirées cannoises du festival.
Cathy, pied-noir, la cinquantaine joyeuse, cuisinière de l'équipe, avec sa verve qui prend Dusan sous son aile, et ne s'en laisse pas conter.
Enfin les agents immobiliers des stars et des familles royales saoudiennes que l'auteur nous décrit ainsi : « décolletés sur poitrines brunes séfarades » « Moustachus et femmes à niquab »
La description de Cannes avant pendant et après le festival est riche en couleurs, on y voit cette association hypocrite durant deux semaines, chacun sur jouant la sympathie acteurs, agents, techniciens, la palme allant aux spectateurs en mal de vedettariat, et prêts à tout pour côtoyer la gloire ne serait-ce que quelques secondes, le temps d'un selfie, mais prêts à tout aussi pour obtenir le sésame pour une de ces soirées objet de tous leurs fantasmes.
Je ne connaissais par Roman Strajnic. Avec des types comme nous, il signe un roman inspiré de son expérience personnelle dans le monde du cinéma. Il évite l'autobiographie et le pathos pour nous livrer une histoire drôle qui montre sa capacité à prendre de la distance pour réjouir le lecteur. Un sens de la formule (voir les citations) qui vaut le détour.
sous le tapis, le fric ...
Agent de sécurité à Cannes, c’est une sinécure sauf par temps de Festival. La routine de Dusan, émigré Yougoslave porteur d’un secret intime qui lui pourrit la vie, va être bouleversée par un contrat un peu particulier. Il va devoir en effet assurer la protection d’une villa de star et ça ne sera pas de tout repos.
Une satire bien plaisante d’un monde superficiel et avant tout guidé par la finance, avec une intrigue qui mériterait de ne pas être spoliée par le prologue trop explicite … un agréable moment de lecture, une pause salutaire sans mort suspecte ni hémoglobine, ou alors si peu ! Un court roman de 208 pages.
A noter un contexte social bien abordé également où l’on découvre l’envers du décor de paillettes et de strass, de selfies et de fêtes, d’alcool …