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L'agriculture se meurt, l'agriculture est morte... Scandé au rythme des manifestations, des prises de préfecture et des blocages de routes, ce refrain lancinant, répercuté par les médias et les hommes politiques, reflète l'image que se font aujourd'hui les Français du "pays réel" agricole. L'agriculture ? Zone sinistrée... La réalité est toutefois plus complexe. Car la France d'aujourd'hui n'a plus une, mais des agricultures.
Derrière cette pluralité se cachent de nouvelles approches des réalités de la terre, de nouvelles conceptions du vieux métier de paysan, de nouvelles façons de vivre à la campagne. Les agriculteurs ont bien changé, plus vite que les organisations qui les représentent, plus vite que les lois qui depuis trente ans corsètent ce secteur. Ils n'ont plus peur de la ville et n'hésitent plus à travailler avec elle, voire à y vivre.
Eux, si réticents depuis toujours à l'égard des négociants et des industriels, souvent assimilés dans l'inconscient paysan aux accapareurs, se sont réconciliés avec le capitalisme. Du Nord au Sud, ils travaillent désormais pour des laboratoires pharmaceutiques ou pour fabriquer du carburant ; ils replantent de l'arnica dans les Vosges ou produisent de la vitamine C en Bourgogne. Et les citadins, de leur côté, leur demandent autre chose : ils exigent que les porteurs de notre mémoire leur vendent aussi de la culture, de l'histoire, de l'authenticité.
Voici qu'éclate au grand jour la troisième voie, celle des paysans heureux, qui se frayent un chemin entre le productivisme débridé des années soixante et l'immobilisme.