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Silvia Federici revisite ce moment particulier de l'histoire qu'est la transition entre le féodalisme et le capitalisme, en y introduisant la perspective propre à l'histoire des femmes. Elle nous invite à réfléchir aux rapports d'exploitation et de domination, à la lumière des bouleversements introduits à l'issue du Moyen Age. Un monde nouveau naissait, privatisant les biens autrefois collectifs, transformant les rapports de travail et les relations de genre.
Ce nouveau monde, où des millions d'esclaves ont posé les fondations du capitalisme moderne, est aussi le résultat d'un asservissement systématique des femmes. La transition vers le capitalisme faisait de la modernité une affaire de discipline. Discipline des corps féminins dévolus à la reproduction, consumés sur les bûchers comme autant de signaux terrifiants, torturés pour laisser voir leur mécanique intime, anéantis socialement.
Discipline des corps d'esclaves, servis au mouvement d'accaparement des ressources du Nouveau Monde pour la fortune de l'ancien. Le capitalisme contemporain présente des similitudes avec son violent passé. Ce qu'on a décrit comme barbarie et dont aurait su triompher le siècle de la raison est constitutif de ce mode de production : l'esclavage et l'anéantissement des femmes n'étaient pas fortuits, mais une nécessité à l'accumulation de richesse.