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Malraux a appelé " irréelle ", la peinture commencée à la Renaissance et " intemporelle ", la peinture moderne. Avec son " allégorie réelle ", dont son Atelier - objet central de ce livre - est le manifeste, c'est dans cet entre-deux que se place Gustave Courbet. Entre ce que la peinture était encore pour Ingres et Delacroix et ce qu'elle sera à partir de Manet : entre une " peinture de l'idéal " et un " idéal de la peinture ".
C'est dans cet entre-deux, ce hiatus, dans ce qui semble une syncope et un passage, qu'apparaît Courbet. Et c'est ce vide, cette ouverture qu'il crée et qu'il remplit à la fois, par son attitude rebelle, exigeant une force peu commune, par l'affirmation de l'individualité, de son individualité et par l'image de l'Artiste, sa propre image et presque son corps. Courbet, qui se veut un " enfant de la terre ", oppose " la vérité du réalisme " : l'image du peuple, certes, mais surtout la matérialité de la Nature et de la peinture, à la tradition " aristocratique et théocratique " de l'Idéal.
Les caricaturistes présentent Courbet en " soleil ". Il apparaît ici au centre d'une constellation, dont les termes sont : l'avènement de la paysannerie sur la scène politique en 1848 ; la naissance de la photographie (qui mettra bientôt fin à la tradition de la mimesis occidentale) ; la figure souveraine de l'Artiste comme incarnation de la liberté dans la démocratie - entre l'art, le poli-tique et l'argent - et sa dépendance à son image sur la place du marché.