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ironie
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amertume
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ethnologie
Son Michel de mari, cuisinier de son état a vu trop grand et leur restaurant en faillite. Il faut faire bouillir la marmite et les voici donc lui, cuisinier et elle, gouvernante chez les nantis, autrement dit, larbins chez les richards. Je vois bien cela dans la bouche de Michel qui ne supporte pas cet état de « basse caste ». Tout ceci grâce à Séraphin, ange gominé, propriétaire d’une agence de placements qui a su voir le potentiel de Françoise.
Nous suivons le couple et, surtout, Françoise dans ses tribulations ethnologiques au pays des ultras riches. Michel, quant à lui, fera
une immersion œnologique qui les mènera au divorce. Mais revenons à nos plumeaux ! Attention, vous entrez dans la quatrième dimension. Une contrée où « Un bon employé de maison est un employé invisible même quand il est là. » Leçon n°4. Où « Rares sont les pensées intimes, les fantasmes les plus secrets, les penchants inavouables, qu’une gouvernante consciencieuse ne découvre pas. » Leçon n°18. Et oui, le petit personnel voit tout, écoute beaucoup de choses ! Mais bon, il y a des limites « la collaboration courtoise entre patron et employé de maison s’arrête où commence la revendication salariale ». Leçon n° 8
C’est qu’il faut avoir l’échine souple dans ce métier de gouvernante. Accepter d’être corvéable à merci, ne pas avoir de velléité d’indépendance, regarder les patrons vivre leurs vies de nababs, mais ne pas vivre sa propre vie. Comme l’écrit l’auteur : « leur vie s’écoule gentiment, sans eux » Leçon n°23. La leçon n° 29 recadre un peu les choses quant à la domesticité !
Quelle « belle » vitrine ! J’ai ainsi découvert des gens qui ont tout et même beaucoup plus, SAUF l’intelligence du cœur, une bonne éducation et là je ne parle pas de l’instruction !
Le coup du caddy est un des plus grands moments de rigolade, juste à imaginer la scène, bien sûr en y mettant l’accent !
Ce livre est judicieusement conçu. A chaque maison le même rituel. Découverte des patrons, connaissance du milieu, immersion totale dans le microcosme puisque Françoise sera toujours logée, plus ou moins bien, mais logée, fin de la collaboration et pour clore le compte-rendu de mission, une petite leçon pleine d’ironie, de sagesse, de vérités. Une sorte d’anthologie de la gouvernante qui ne tient pas le gouvernail. La description du contrat en CDI de la page 363 est un résumé savoureux de la vie de gouvernante.
Véronique Mougin, même si elle pratique l’ironie pour décrire les patrons n’est jamais trop méchante. Pas de vitriol, comme si elle contenait ses émotions, mais une amertume et une rancœur certaines.
l'envers du décor
Françoise, devenue gouvernante par nécessité, brosse un tableau de ses expériences chez les ultras riches. Un cadre doré, des patrons nettement moins dorés et l'épée du chômage sur la tête en permanence.
On se rend compte que le métier de gouvernante si prestigieux vu de l'extérieur, est en fait un métier de larbin, larbin de luxe.
Intéressant, souvent drôle et instructif, on passe un bon moment.