En janvier 1847, à Buzançais dans le Berry, ceux qu'on appelle " les Blouses ", ou les Petits, échappent, pour quelques jours? à leur vie quotidienne. Leur émeute exprime le rêve d'une vie meilleure. Près de cinq ans plus tard, dans le Nivernais voisin, à Clamecy, " les Rouges " refusent d'accepter le coup d'Etat de Louis-Napoléon Bonaparte. Dans les deux cas, le rêve va s'évanouir dans le sang. Mais le souvenir de ces événements, et de ceux qui en furent les victimes, survivra lontemps dans la mémoire collective, prouvant que la province fut, aussi, révolutionnaire. Ces journées, comme celles de février et de juin 1848, illustrent bien l'importance de la crise qu'on connue les Français. L'adoption, imprévue, du suffrage universel, en est la conséquence la plus spectaculaire.
En 1848, Paris est le théâtre de la plus terrible bataille de rue. Passée l'illusion lyrique des débuts, une situation conflictuelle, puis explosive s'impose en juin. D'autant qu'au fossé sans cesse plus profond entre " bourgeois " et " ouvriers ", à la peur sociale qui gagne, s'ajoute une opposition Paris-Province.
En mettant en lumière les différences entre la capitale et le reste du pays, entre les villes et les villages, Philippe Vigier montre que la Révolution de 1848, la République et la " question sociale " n'ont pas la même signification à Marseille, à Lyon ou à Pontarion (Creuse) qu'à Paris.