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"A Aurore j'écrivis : "De ma vie, tu n'as connu que les reflets changeants. Les courants profonds qui la portent et la traversent, tu les ignores. Les grilles d'analyse que tu as longtemps posées au travers de ma route n'étaient que des obstacles inutiles. J'ai toujours pensé que ton obstination à vouloir juger les autres était une façon d'échapper à tes gouffres... " Je rédigeai cette lettre dans la colère d'un soir d'été, installé à la table de la terrasse, bercé par le craquètement des cigales.
La même année, la nuit du réveillon de la Saint-Sylvestre, Aurore se jetait du pont des Mouettes. Le lieu et la date qu'elle avait choisis pour mourir n'étaient pas le fruit du hasard. Notre histoire d'amour avait commencé un 31 décembre au cours d'une fête chez des amis communs. La passerelle qui reliait les anciennes mines d'étain au bois des étangs et sur laquelle les mouettes venaient se poser parfois avait été le repaire privilégié de mon enfance.
Ce geste m'était donc adressé. Il me fallut bien des années pour en maîtriser la portée. Le temps de me perdre et d'oublier, d'abandonner les certitudes et les évidences. Un long chemin peuplé d'ombres et de fantômes perdus dans une farandole dérisoire". Ainsi débute ce roman du désenchantement qui évoque un bonheur possible avant l'arrivée des premières déceptions, la fin des amitiés, l'amour qui se heurte aux pièges du quotidien.