Je n’ai jamais aimé le Paris-Brest, trop gras, trop lourd, ça ne passe pas. Ca été également le cas pour le dernier roman de Tanguy Viel, que je n’ai trouvé ni alléchant ni savoureux. Ce roman est surprenant mais je ne pense pas qu’il me marquera durablement, il est original sans pour autant être particulièrement saisissant. Je suis restée de marbre devant l’intrigue qui n’a pas su m’emporter dans ses remous.
Paris-Brest se veut une « histoire de famille », mais c’est surtout l’angoisse et le mal-être de Louis, narrateur et personnage principal de l’histoire, qui
transparaît. Il faut dire pour sa défense que sa famille est assez marquante et traumatisante : un père vice président du club Brestois accusé d’avoir détourné des fonds et donc obligé de s’exiler dans le Languedoc-Roussillon avec sa femme, sa femme qui est une mère despotique et névrosée ayant pour but de régir la vie de ses fils et de sa propre mère, grand-mère du narrateur, qui a hérité des dix-huit millions d’euro d’un vieil amiral. On voit à travers ce premier descriptif que l’argent a une place centrale dans ce roman, tout est dans le non-dit, dans l’implicite, ce qui crée une ambiance malsaine, comme si l’air de la ville de Brest était vicié et que ça influençait tout le monde. Les personnages n’ont aucun rapport sincère, tout est dicté par l’intérêt et l’appât du gain et les réactions surprennent par leur manque de naturel.
Il faut néanmoins relever la mise en abyme présente dans le roman, le jeune narrateur, sorte de double de l’écrivain (y aurait-il une part d’autobiographie dans ce roman ?), profitant de son éloignement de son Brest natal pour écrire un roman familial, « des choses sur nous » comme dit sa mère. Cette mise en abyme n’a cependant rien de comparable à celle des Faux Monnayeurs de Gide et je me suis demandée d’où Tanguy Viel voulait en venir. Son personnage prétend vouloir faire un roman à l’anglaise, comme on le voit dans cet extrait : « On sentait bien qu’il allait se passer des choses violentes et tendues, des choses, disons, gothiques, parce que ce que je voulais aussi, c’était que ça fasse comme un roman anglais du XIXe siècle, quelque chose comme Les Hauts de Hurlevent. D’un côté je voulais faire un roman familial à la française, de l’autre je voulais faire un roman à l’anglaise, et cela d’autant plus que tout se passe en Bretagne et pire qu’en Bretagne, dans le Finistère Nord, c’est-à-dire dans la partie la plus hostile, la plus sauvage et la plus rocheuse de Bretagne, alors c’était d’autant plus normal de donner à tout ça un côté, disons, irlandais, un côté Cornouailles, avec des oiseaux noirs et des pierres fatiguées ». Cependant je n’ai pas apprécié cette histoire de famille fantasmée, dans laquelle le narrateur se venge de ceux à qui il en veut, sans oser les affronter dans la réalité : d’abord et surtout sa mère, et le fils Kermeur, qu’il présente comme le personnage central de son roman. Même dans le roman source, Paris-Brest, le fils Kermeur flotte bomme une ombre maléfique au dessus des autres personnages, c’est une sorte de double négatif du narrateur, sa mauvaise conscience qui le pousse à la débauche, au mensonge et au crime. Ce n’est qu’en faisant son dernier trajet entre Brest et Paris que Louis s’en débarrassera pour de bon.
Je ne connaissais pas l’œuvre de Tanguy Vieil et j’en avais lu des critiques dithyrambiques, malheureusement je ne suis pas de leur avis à propos de Paris-Brest, qui pour moi n'est pas un livre remarquable.
Le Paris-Brest, une pâtisserie alléchante mais un peu lourde
Je n’ai jamais aimé le Paris-Brest, trop gras, trop lourd, ça ne passe pas. Ca été également le cas pour le dernier roman de Tanguy Viel, que je n’ai trouvé ni alléchant ni savoureux. Ce roman est surprenant mais je ne pense pas qu’il me marquera durablement, il est original sans pour autant être particulièrement saisissant. Je suis restée de marbre devant l’intrigue qui n’a pas su m’emporter dans ses remous.
Paris-Brest se veut une « histoire de famille », mais c’est surtout l’angoisse et le mal-être de Louis, narrateur et personnage principal de l’histoire, qui transparaît. Il faut dire pour sa défense que sa famille est assez marquante et traumatisante : un père vice président du club Brestois accusé d’avoir détourné des fonds et donc obligé de s’exiler dans le Languedoc-Roussillon avec sa femme, sa femme qui est une mère despotique et névrosée ayant pour but de régir la vie de ses fils et de sa propre mère, grand-mère du narrateur, qui a hérité des dix-huit millions d’euro d’un vieil amiral. On voit à travers ce premier descriptif que l’argent a une place centrale dans ce roman, tout est dans le non-dit, dans l’implicite, ce qui crée une ambiance malsaine, comme si l’air de la ville de Brest était vicié et que ça influençait tout le monde. Les personnages n’ont aucun rapport sincère, tout est dicté par l’intérêt et l’appât du gain et les réactions surprennent par leur manque de naturel.
Il faut néanmoins relever la mise en abyme présente dans le roman, le jeune narrateur, sorte de double de l’écrivain (y aurait-il une part d’autobiographie dans ce roman ?), profitant de son éloignement de son Brest natal pour écrire un roman familial, « des choses sur nous » comme dit sa mère. Cette mise en abyme n’a cependant rien de comparable à celle des Faux Monnayeurs de Gide et je me suis demandée d’où Tanguy Viel voulait en venir. Son personnage prétend vouloir faire un roman à l’anglaise, comme on le voit dans cet extrait : « On sentait bien qu’il allait se passer des choses violentes et tendues, des choses, disons, gothiques, parce que ce que je voulais aussi, c’était que ça fasse comme un roman anglais du XIXe siècle, quelque chose comme Les Hauts de Hurlevent. D’un côté je voulais faire un roman familial à la française, de l’autre je voulais faire un roman à l’anglaise, et cela d’autant plus que tout se passe en Bretagne et pire qu’en Bretagne, dans le Finistère Nord, c’est-à-dire dans la partie la plus hostile, la plus sauvage et la plus rocheuse de Bretagne, alors c’était d’autant plus normal de donner à tout ça un côté, disons, irlandais, un côté Cornouailles, avec des oiseaux noirs et des pierres fatiguées ». Cependant je n’ai pas apprécié cette histoire de famille fantasmée, dans laquelle le narrateur se venge de ceux à qui il en veut, sans oser les affronter dans la réalité : d’abord et surtout sa mère, et le fils Kermeur, qu’il présente comme le personnage central de son roman. Même dans le roman source, Paris-Brest, le fils Kermeur flotte bomme une ombre maléfique au dessus des autres personnages, c’est une sorte de double négatif du narrateur, sa mauvaise conscience qui le pousse à la débauche, au mensonge et au crime. Ce n’est qu’en faisant son dernier trajet entre Brest et Paris que Louis s’en débarrassera pour de bon.
Je ne connaissais pas l’œuvre de Tanguy Vieil et j’en avais lu des critiques dithyrambiques, malheureusement je ne suis pas de leur avis à propos de Paris-Brest, qui pour moi n'est pas un livre remarquable.