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"Il attendit la chute. Et elle advint : mais ce fut un plongeon de bas en haut. Sur le bord des rapides, en cette saison d'eau basse, des bancs de boue s'étaient accumulés, certains d'entre eux reverdis par de maigres buissons de roseaux et de joncs. La barge s'échoua de toute sa carène plate, faisant sauter toute la cargaison de sable et l'homme qui s'y trouvait enterré. Marcovaldo se trouva projeté dans les airs comme par une catapulte, et à ce moment il vit le fleuve sous lui.
Ou plutôt : il ne le vit pas, il vit seulement le grouillement de gens dont le fleuve était plein."
Il appartient à Calvino d'avoir su inventer un personnage pour dire notre rapport aux villes : Marcovaldo, ce pauvre ouvrier dont nous sommes invités à suivre les aventures étonnantes et drôles, pleines de fantaisie, de poésie et de grâce.
"Livre pour enfants ? demande Calvino. Livre pour jeunes lecteurs ? Livre pour grands ?" En tout cas, livre pour tous et livre pour aujourd'hui.
Quatre saisons en ville
Marcovaldo vit et travaille dans une grande ville. Pourtant il ne rêve que de nature et de grands espaces.
A travers des nouvelles suivant le fil des saisons, l'auteur évoque le rapport à la ville de ce personnage de doux rêveur, toujours ramené à la dure réalité de sa vie (il est le père d'une famille nombreuse qu'il peine à nourrir). Et c'est notre propre rapport à la vie urbaine qui se trouve interrogé.
Publiés pour la première fois dans les années 1960, ces textes traitent à demi-mots et tout en douceur de sujets qui sont plus que jamais d'actualité : pollution, sécurité alimentaire, société de consommation, espaces verts en ville…
Une jolie découverte.