Les premiers mots de ce court roman sont d’une telle force que je me suis mise à pleurer. C’était incontrôlable. Pourquoi ? Parce que ces mots, ces questions, on les a tous posées à un moment ou à un autre de notre vie.
Et puis une fois ce trop plein d’émotion passé, viennnent le sourire, la tendresse, l’apprentissage de la vie sans la personne qui nous a quitté.
Pour aider Mathias qui vient de perdre sa mère, un étrange personnage entre dans sa vie, un géant brinquebalant, docteur en ombrologie, répondant au nom de Jack le géant.
Discuter avec ce géant n’est
pas chose aisée car on frole le torticolis et de plus son humour particulier ne donne pas toujours envie de rire (enfin ça doit dépendre également de notre inclination à l’humour du moment).
J’ai tout de suite su à quoi ressemblait Jack, son image est apparue dans mon esprit au moment même où il est apparu dans le livre. J’avoue que c’est le personnage qui m’a le plus touché.
Ce serait tellement plus facile d’accepter l’inacceptable si Jack pouvait nous accompagner pendant cette période difficile.
Une citation a retenu mon attention :
« J’aime les livres qu’on peut mettre dans les poches, trimballer, aimer, prêter corner, donner, racheter pour relire ses passages préférés. C’est un acte important pour moi d’échanger un livre qu’on aime, c’est comme prêter ses chaussures….. ».
Pour moi aussi, c’est un acte important de prêter un livre que j’ai aimé, parce qu’il m’a fait du bien, parce qu’il m’a fait oublier pendant un moment mes soucis.
J’ai découvert une écriture délicate, tendre et forte à la fois car l’auteur nous fait passer des larmes aux rires en un claquement de doigts.
Un peu de douceur dans ce monde de brutes c’est appréciable non ?
Un petit conte joli et émouvant
C’est la première fois que je suis touchée par un texte poétique. Il y a souvent un côté abstrait à la poésie qui me tient à l’écart de l’émotion, et pourtant Mathias Malzieu m’a donné des frissons. Pour ça, j’ai vraiment pris beaucoup de plaisir à lire ce court roman, triste, nostalgique, mais beau et magique.
Dans ce roman, l’auteur se confie à nous suite au décès de sa mère. Il est triste, il est fatigué, il est désespéré, il est terrifié, mais surtout il est en colère. Ses sentiments nous traversent et nous bouleversent. On subit ce deuil avec lui et j’ai trouvé ça impressionnant cette capacité à partager des émotions si intimes. Il met des mots justes sur ce qu’il ressent et ses métaphores, ses pensées sur la mort, la complicité entre une mère et son fils, sur la souffrance sont magnifiques et douloureuses.
Heureusement, son histoire n’est pas un simple témoignage ; son deuil, c’est une histoire magique, la rencontre avec un gros géant qui va l’aider à ne pas sombrer et l’entraîner pour un voyage au pays des morts. Parfois, on se demande si l’auteur n’est pas un peu cinglé, c’est souvent un poil trop bizarre et certains délires ne sont pas simples à suivre, mais ce petit conte original nous livre une triste histoire d’amour et de mort qui vaut la peine d’être découverte.