Thomas, Mehdi, Louise.
Trois amis d'enfance, trois amis le temps d'un été, le dernier de l'usine, celle des parents.
"Les nuits d'été" est un immense brasier de mélancolie, un roman social puissant, aussi poétique et brute que désenchanté, sur les espérances envolées d'une jeunesse engluées dans le crépuscule d'un monde ouvrier qui s’effrite peu à peu.
Thomas Flahaut sonde les lisières. Celles d'un monde qui se casse la gueule, celles d'un territoire frontalier, le Jura, celles surtout qui façonnent les flottements du passage à l'âge adulte et sa place dans ce monde balbutiant
qui se dessine.
Un roman d'amour et d'amitié, de filiations, de hontes et de fuites à la tombée de la nuit.
Un roman de silences et de respirations, de chair et de sueur, acres et noirâtres.
La langue y cogne, elle y sonne, précise, bourrée de tendresse, pour dire les corps déréglés, usés, les rêves gâchés et le fil ardent de ces nuits d'été.
il y résonne une colère sourde, une grâce infiniment touchante. La pesanteur d'un l’héritage social qui fait de ces existences une petite musique définitivement bouleversante.
Les nuits d'été
Les nuits d'été, c'est l'histoire d'une jeunesse jurassienne, à la frontière de la Suisse. D'un côté les salaires qui augurerait d'un avenir meilleur pour ses gosses, de l'autre la réalité d'une France qu'on dit aujourd'hui périphérique.
Les nuits d'été, c'est des vies en intérim. Des entre-deux. Des galères, des amours et des plans sociaux. Des pointes de vitesse à près de 200km/heure avec la Kawasaki pour bousiller la fatigue, pour exploser la peur. Des usines qu'on démonte et des grévistes qu'on rejette. Les joints qu'on partage pour parer le vide.
Les nuits d'été, c'est tout le monde d'aujourd'hui serré bien fort dans 200 pages écrites à fleur de peau.
Comme une respiration.
Les nuits d'été c'est Mehdi, Louise et Thomas, avec dans le fond leurs darons et leurs daronnes, épuisés de boulot, lessivés d'une vie vie passée à exécuter les ordres sans l'ouvrir.
Thomas Flahaut saisit au vif cette jeunesse intérimaire, cette jeunesse populaire dont l'avenir semble toujours une illusion ; ici ce qu'on connait le mieux c'est le présent. Il écrit avec délicatesse, sensibilité et poésie ces vies au croisement.
De ce roman si beau, si touchant, si triste parfois, on sort bouleversé, un peu chamboulé.