Chronique d'une "famille" du sud de l'Italie de la fin du 19e siècle à la fin du 20e siècle (la première année mentionnées est 1875, la dernière est 1980), sur les thèmes du "clan" familial, de l'attachement viscéral à la terre natale, la survivance de mentalités ancestrales dans un monde moderne standardisé.
Un beau roman de 250 pages en dix chapitres auquel je reproche sa brièveté car il y avait là matière à écrire une "saga" en au moins trois volumes :
1 - Au temps du curé Don Giorgio Zampanelli (curé de Montepuccio durant au moins 68 ans si l'on fait le calcul, c'est
très long mais pas impossible) : l'histoire de Rocco Mascalzone-Biscotti qui fonde le "clan" en prenant le nom de "Scorta", né en quelque sorte comme lui par "génération spontanée"… Rocco est né d'un viol, son père a été lapidé dans l'heure et sa mère est décédée peu après sa naissance, "Son père avait été un vaurien […] lui fut un véritable brigand" (Chapitre 2).
2 - Au temps du curé don Carlo Bozzoni, "le Milanais" : la tentative d'émigration manquée aux Etats-Unis des trois enfants de Rocco qui ne reçoivent rien en héritage à la mort de leur père (1928) et s'embarquent sur un paquebot fait pour "emmener les crève-la-faim d'un point à l'autre du globe" (Chapitre 3) ; suivie de leur retour au pays marqué par leur conflit avec le nouveau curé - "Vous êtes un rat qui se cache sous une soutane" (Chapitre 4) - et la mort terrible de ce dernier.
3 - Au temps du curé don Salvatore, "le Calabrais" : la constitution des quatre familles du clan "Scorta" (les trois enfants de Rocco auquel s'ajoute Raffaele, leur "frère" par son action à leur retour d'Amérique), leurs activités dans le petit commerce.
Un vrai délice
1870, Montepuccio, Italie.
Sous un soleil de plomb, un homme revient dans son village natal, bien décidé à assouvir une vengeance qui l'anime depuis de nombreuses années. De cette vengeance va naître une malédiction. La malédiction qui condamnera la famille Scorta à une vie de misère.
Laurent Gaudé signe ici un véritable chef-d’œuvre, lauréat du prix Goncourt en 2004.
Un roman solaire et surtout sensoriel qui saura vous transporter de génération en génération grâce à un rythme délicieux et une plume très poétique.