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La Tamassee, protégée par le Wild and Scenic Rivers Act, dessine une frontière entre la Caroline du Sud et la Géorgie. Ruth Kowalsky, 12 ans, venue pique-niquer en famille sur sa rive, fait le pari de poser un pied dans chaque État et se noie. Les plongeurs du cru ne parviennent pas à dégager son corps, coincé sous un rocher à proximité d'une chute. Inconscient des dangers encourus, son père décide de faire installer un barrage amovible qui permettra de détourner le cours de l'eau.
Les environnementalistes locaux s'y opposent : l'opération perturbera l'état naturel de leur rivière, qui bénéficie du label " sauvage ". Les deux camps s'affrontent violemment tandis que le cirque médiatique se déchaîne de répugnante manière et que des enjeux plus importants que la digne sépulture d'une enfant apparaissent...
Le Chant de la Tamassee, deuxième roman de Ron Rash - publié aux États-Unis avant Le Monde à l'endroit -, est le plus représentatif de l'engagement de l'auteur pour la protection de l'environnement.
Tout en décrivant un drame humain déchirant, il y rend hommage à ses références avouées, Peter Matthiessen et Edward Abbey.
Né en Caroline du Sud en 1953, Ron Rash est un poète, auteur de cinq recueils de nouvelles et de six romans, tous lauréats de prestigieux prix dont le O. Henry Prize et le Frank O'Connor Award (pour Incandescences). Le Chant de la Tamassee a reçu le Weatherford Award et le SEBA Award du meilleur roman.
Ron Rash est titulaire de la chaire John Parris d'Appalachian Studies à la Western Carolina University.
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Isabelle Reinharez
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" Le chant de la Tamassee" de Ron Rash confirme l'immense talent du romancier américain. Représentant doué du Nature writing il nous propose un récit qui se lit comme un grand poème des profondeurs de l'Amérique. Le roman débute par la mort d'une petite fille, Ruth Kowalsky, qui se noie dans la Tamassee, rivière de Caroline du Sud à quelques mètres de ses parents qui pique-niquent sans se douter du drame. C'est évidement une tragédie épouvantable mais le romancier se sert de cet évènement pour faire immédiatement bifurquer son récit vers un affrontement inattendu entre les parents de Ruth et les défenseurs de la nature car le corps de l'enfant est resté coincé dans la rivière et le courant est si fort qu'il est impossible aux plongeurs de pouvoir le ramener. Le père de Ruth est banquier et il décide de faire installer un barrage amovible sur le cours d'eau pour le détourner mais les écologistes du pays ne l'entendent pas de cette manière car ils savent quels genres de risques une telle initiative ferait courir à l'environnement. Aux Etats-Unis il existe une loi fédérale, le Wild ant Scenic Act, qui protège les cours d'eau qui ont obtenu le label "sauvage" et c'est cette loi que vont évoquer les défenseurs de la Tamassee.
Le lecteur n'est pas seulement entrainé par le courant de la rivière mais aussi par l'affrontement entre les deux camps. Rapidement les médias vont s'intéresser à cette affaire et les antennes paraboliques, les caméras et les reporters de tout poil vont envahir le comté. Parmi eux, Maggie, une jeune photographe de presse qui est née sur les rives de la Tamassee revient au pays pour couvrir l'affaire. Progressivement émergent des intérêts qui dépassent de loin la mort de la petite fille : intérêts financiers, politiques, chamailleries entre pouvoirs locaux. Maggie patauge au milieu d'une affaire qui devient de plus en plus glauque, consciente que l'opinion a pris le parti des parents elle va glisser progressivement du côté des défenseurs de la nature.
L'écriture de Rash est d'une grande puissance narrative, elle suit son cours sans se soucier des apparences, avance selon sa nécessité sans demander aucune permission. Les situations, les personnages, les dialogues ont une densité incroyablement forte. Rash possède un talent particulier pour sonder le coeur des hommes et le portrait qu'il fait de l'Amérique est profondément inattendu. La traduction d'Isabelle Reinharez est à ce titre tout à fait remarquable car elle sert la langue de l'écrivain en lui conservant toute sa force, celle d'une rivière sauvage...
Archibald PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE)