Il arrive qu’un récit autobiographique vous touche avec la simplicité désarmante d’un sourire d’enfant. C’est le cas de “La petite Bourrique espagnole” de Marie Dumas Mérida qui relève à la fois de l’autobiographie et d’un questionnement sur la nature de notre rapport à ceux qui auraient dû nous aimer et qui n’y sont pas parvenu. L’auteur, comme le titre le suggère, est fille d’émigrés espagnols et son enfance a été gâchée par un rapport complexe avec une mère qui n'aurait pas du l'être. “ L’idée que vous ne pourrez jamais être “aimable, que vous
ne serez jamais à la hauteur. Le doute qui nait et vous poursuit toujours, vous donnant envie de devenir invisible. Le balancement entre cette envie de disparaître et le besoin d’attirer l’attention pour se sentir exister. Le besoin de rechercher l’amour à tout prix.” C’est justement à la disparition de cette mère qui ne fut guère bienveillante pour sa fille que cette dernière va éprouver le besoin de revenir sur son histoire.
Marie Dumas Mérida va recomposer sous nos yeux le puzzle d'un passé douloureux qui influencera toute son existence. La petite fille mal aimée - elle qui avait porté sa souffrance comme un lourd fardeau - s’est finalement consacrée à la protection de l’enfance. Marie, qui n’a jamais reçu un encouragement de sa mère va déployer des trésors de dévouement et de patience pour aider des enfants victimes de violences physiques mais aussi ceux qui, à son image, souffrent de blessures psychologiques terriblement handicapantes pour leur vie d'adultes.
Au fond la petite Marie devenue grande a cherché cette résilience qu’a théorisé Boris Cyrulnik. Elle a pu en effet à travers ceux qu’on appelle des tuteurs de résilience surmonter les manques profonds de l’enfance, avant de le devenir à son tour pour d'autres. Elle qui écrivait au début de “La petite Bourrique espagnole” qu’elle n’avait aucun souvenir de l’amour de ses parents ou de ses grands parents a réussi à se construire, malgré des peurs et des angoisses, une personnalité qui devint aussi une ressource pour d’autres êtres. Marie Dumas Mérida a su renoncer à une relation apaisée avec sa mère en comprenant que tout ne dépendait pas seulement d’elle, en cela cette autobiographie a valeur universelle. “La petite Bourrique espagnole” est une oeuvre touchante qu'il faut lire comme une oeuvre qui soigne et qui apaise.
Archibald PLOOM
RECOMMANDÉ PAR CULTURE-CHRONIQUE
Il arrive qu’un récit autobiographique vous touche avec la simplicité désarmante d’un sourire d’enfant. C’est le cas de “La petite Bourrique espagnole” de Marie Dumas Mérida qui relève à la fois de l’autobiographie et d’un questionnement sur la nature de notre rapport à ceux qui auraient dû nous aimer et qui n’y sont pas parvenu. L’auteur, comme le titre le suggère, est fille d’émigrés espagnols et son enfance a été gâchée par un rapport complexe avec une mère qui n'aurait pas du l'être. “ L’idée que vous ne pourrez jamais être “aimable, que vous ne serez jamais à la hauteur. Le doute qui nait et vous poursuit toujours, vous donnant envie de devenir invisible. Le balancement entre cette envie de disparaître et le besoin d’attirer l’attention pour se sentir exister. Le besoin de rechercher l’amour à tout prix.” C’est justement à la disparition de cette mère qui ne fut guère bienveillante pour sa fille que cette dernière va éprouver le besoin de revenir sur son histoire.
Marie Dumas Mérida va recomposer sous nos yeux le puzzle d'un passé douloureux qui influencera toute son existence. La petite fille mal aimée - elle qui avait porté sa souffrance comme un lourd fardeau - s’est finalement consacrée à la protection de l’enfance. Marie, qui n’a jamais reçu un encouragement de sa mère va déployer des trésors de dévouement et de patience pour aider des enfants victimes de violences physiques mais aussi ceux qui, à son image, souffrent de blessures psychologiques terriblement handicapantes pour leur vie d'adultes.
Au fond la petite Marie devenue grande a cherché cette résilience qu’a théorisé Boris Cyrulnik. Elle a pu en effet à travers ceux qu’on appelle des tuteurs de résilience surmonter les manques profonds de l’enfance, avant de le devenir à son tour pour d'autres. Elle qui écrivait au début de “La petite Bourrique espagnole” qu’elle n’avait aucun souvenir de l’amour de ses parents ou de ses grands parents a réussi à se construire, malgré des peurs et des angoisses, une personnalité qui devint aussi une ressource pour d’autres êtres. Marie Dumas Mérida a su renoncer à une relation apaisée avec sa mère en comprenant que tout ne dépendait pas seulement d’elle, en cela cette autobiographie a valeur universelle. “La petite Bourrique espagnole” est une oeuvre touchante qu'il faut lire comme une oeuvre qui soigne et qui apaise.
Archibald PLOOM