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Des mots éperdument égarés. Dans le Paris de cette fin du XIXe siècle, le jeune Adrien ne rêve que de poésie. Complètement subjugué par l'oeuvre d'Arthur Rimbaud, le jeune poète rencontre les membres du journal littéraire Le Décadent. Ceux-ci, tout à leur obsession d'être les continuateurs du style du grand poète, poussent Adrien à écrire des faux du génial Rimbaud. Rimbaud a déjà disparu des cercles littéraires parisiens depuis une douzaine d'années.
Nul n'a de ses nouvelles. Il n'a plus publié une seule ligne. Il vivrait, paraît-il, quelque part vers Aden.
La supercherie du Décadent fait long feu. Paul Verlaine, implacable garant de l'intégrité de l'oeuvre de son ancien compagnon, dénonce les faussaires, attaque le journal, et le pauvre Adrien est traîné dans la boue. Le jeune homme décide alors de partir à la recherche de Rimbaud disparu : Charleville, Marseille, l'Afrique.
Au fur et à mesure de son voyage, il croise ceux qui ont côtoyé l'artiste rebelle, de pas en pas, de témoignage en témoignage il retrouve la trace du poète de Charleville. Mais l'esprit d'Adrien est fragile, le voici dérivant dans un rêve éveillé, onirique, le voici à la dérive dans son frêle esquif vers l'Éthiopie, à la rencontre de lui-même et, en toute fin, à l'acceptation de la disparition choisie du poète.
Un voyage initiatique au terme duquel Adrien découvre qui il est et Rimbaud retrouve toute sa liberté, celle de l'anonymat et du silence.
Une fuite pour exister
Adrien, jeune poète poussé à faire des pastiches de Rimbaud s'enfuit à la recherche du maître disparu.
Le problème c’est que « plus on s’approche, plus il s’éloigne. On court après un personnage c’est absurde » pépie le vieil oiseau Verlaine à l’oreille du jeune homme. La poursuite déraisonnable du poète glisse vers une quête intime. Mais Rimbaud, ombre presque morbide, plane au-dessus d’Adrien qui se débat pour exister.
Mi-carnet de voyage, mi-balade littéraire, la bande dessinée met admirablement à profit les deux mediums. Si l’écriture dense mange parfois l’image ou la singe en faisant d’une lettre un objet graphique, les dessins lui rendent la pareille avec certaines planches pleine page tantôt très expressives et narratives, tantôt contemplatives.
Une très belle œuvre.