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"On devient drogué parce qu'on n'a pas de fortes motivations dans aucune autre direction. La came l'emporte par défaut. J'ai essayé par curiosité. Je me piquais comme ça, quand je touchais. Je me suis retrouvé accroché. La plupart des drogués à qui j'ai parlé rapportèrent une expérience semblable. Ils ne s'étaient pas mis à employer des drogues pour une quelconque raison dont ils pussent se souvenir.
Ils se piquaient comme ça, jusqu'à ce qu'ils accrochent. On ne décide pas d'être drogué. Un matin, on se réveille malade et on est drogué."
Premier ouvrage de Burroughs, Junky décrit la réalité crue d'un héroïnomane en errance, doué du regard terriblement lucide de l'écrivain. De New York à Mexico, William Lee, double romanesque de l'auteur, fait l'expérience de la came, de la privation, de la prison et de la fuite ; il apprend 'l'équation de la came', qui n'est ni une jouissance ni un plaisir, mais un mode de vie.
Un livre qui fit scandale lors de sa première publication, et qui laisse présager l'ouvre à venir.
Étude du consommateur de drogues en milieu naturel dans les années 40 et ensuite
De William Burroughs, Le festin nu est le roman le plus connu, mais il est loin d’être le plus simple à lire, en raison de cette technique de cut-up, qui aboutit à un récit ultra fragmenté. Son premier roman, Junky, se lit en revanche très bien et c’est un plaisir de se replonger dans cette quasi étude sociologique, vingt ans après l’avoir lu. William Lee (toute ressemblance avec l’auteur ne serait pas fortuite) y navigue entre New-York, New-Orleans et Mexico City, alternant périodes de consommation (héroïne, cocaïne, benzedrine, codéine, opium, peyotl, marijuana, vodka...) et de désintoxication. Loin de faire l’apologie des drogues, il relate de façon clinique sa vie de camé et les effets de ce qu’il s’injecte et s’envoie dans le corps. On y lit par exemple : « La came prend tout et n’apporte rien, sinon une assurance contre les douleurs du manque. »