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En dépit du bilan désastreux d'un système économique aberrant, l'espèce humaine semble se complaire dans la servitude généralisée. Ce consentement n'est pas volontaire, comme le pensait La Boétie, il s'obtient par la combinaison de la coercition et du divertissement et s'accompagne d'une production mondiale de souffrance qui doit être à la fois occultée et soignée par des processus de consolation.
Cet essai vise à montrer que le divertissement représente le masque d'une consolation qui n'avoue pas son nom, et sans laquelle l'ordre injuste et criminel de la marchandise ne saurait perdurer. En réponse à l'insuffisance du concept de société du spectacle, est proposée la notion de société des spectateurs, qui traduit la passivité générale des peuples sous l'effet de la drogue consolatrice des divertissements.
Est avancé le postulat politique selon lequel on ne peut sortir du cercle vicieux de la domination qu'en refusant, individuellement et collectivement, de se laisser consoler par le divertissement, et en devenant acteurs de l'Histoire par l'adoption de l'attitude philosophique de l'inconsolation.