Une jeune fille finlandaise s’installe dans un wagon-lit pour une traversée de la Russie soviétique, jusqu’à Oulan-Bator. Juste au moment du départ, un homme rejoint le compartiment et y prend ses aises. Admettant le fait de cette promiscuité forcée, le lecteur se trouve coincé lui aussi dans ce compartiment, heureux d’y échapper lors des arrêts ou quand la jeune femme regarde le paysage par la vitre maculée. En effet, l’homme est un rustre, ou du moins se complaît à passer pour tel, se curant les ongles, mangeant salement, assenant ses avis, racontant des histoires vécues
plus dérangeantes les unes que les autres. La jeune fille s’échappe en pensée, revient aux derniers temps qu’elle a passés à Moscou.
J’ai été gênée par une certaine complaisance dans le sordide, notamment avec les éructations verbales de l’homme, mais pas seulement. Les descriptions sont aussi bien « chargées » et cela ne me semble pas très justifié, que, pour contrebalancer les beaux paysages naturels, les évocations de lieux habités soient trop souvent alourdies d’adjectifs à connotation négative, que la neige soit forcément souillée de cadavres d’animaux ou d’urine de chien ! D’ailleurs, d’une manière générale, ce roman est trop chargé d’adjectifs, ce qui me rend toujours méfiante.
Il s’en dégage toutefois un certain charme, un peu vénéneux, assez typiquement russe, dû davantage au rythme de l’écriture, aux images évoquées, qu’aux personnages, qui n’attirent pas la sympathie… Une sorte de film lent, contemplatif, se déroule sous les yeux du lecteur, rendant assez bien compte, j’imagine, du lent et long voyage à travers la Sibérie. Je reste un peu mitigée à l’issue de cette lecture, que j’ai toutefois poursuivie jusqu’au bout. J’ai même préféré la fin, sans que cela vous incite à croire à une fin qui sorte de l’ordinaire : non, elle est à l’image du reste du roman, avec un petit quelque chose en plus dans l’atmosphère, très ténu, qui laisse à penser que les personnages ont évolué… C’est assez subtil, et prouve aussi que l’écriture et la traduction sont les atouts principaux de ce texte.
Train de nuit pour la Mongolie
Moscou. Arrivée: Oulan-Bator, Mongolie. C'est dans le compartiment n°6 de ce train, qui les mènera à travers la Sibérie, que s'installent une jeune finlandaise un peu perdue et Vadim Nikolaïevitch Ivanov, russe alcoolique, repoussant et violent. Une véritable intimité se crée dans ces alcoves exiguës où chacun se livre et dévoile sa véritable nature. Il est bien-sûr question de secrets et confidences, de blessures et résiliences malgré les excès de violence de Vadim et la peur de la jeune femme. Un long voyage à travers le froid sibérien, aux paysages et aux rencontres exceptionnels, d'où personne ne resortira indemne. Une nouvelle petite pépite de la littérature scandinave à découvrir et dévorer