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Le mot « romantique », si couramment employé aujourd'hui, évoque dans son acception la plus répandue l'effusion et la fièvre lyrique, dont la musique serait l'expression privilégiée. Voilà qui surprendrait bien des musiciens du XIXe siècle. Comment le mot « romantique », qui possédait au XVIIIe siècle une connotation visuelle (renvoyant à la dimension pittoresque des jardins à l'anglaise) et un sens poétique (lié aux romans de chevalerie médiévale), a-t-il pu progressivement qualifier des objets musicaux ? Emmanuel Reibel considère ici le romantisme non plus comme une période, un style ou une mystérieuse essence déterminant les ouvres, mais comme un mot polémique et contradictoire, témoignant d'une nouvelle façon d'entendre la musique.
De Rousseau à Berlioz en passant par le style « troubadour », la mode ossianique, l'engouement pour les musiques populaires comme le « ranz des vaches », le rossinisme ou l'école « fantastique », cet essai explore les mutations picturales, mémorielles, nationales et idéologiques impliquées par la « romantisation » de la musique. L'ampleur de la documentation - partitions, traités, correspondances de musiciens et textes littéraires - et une belle élégance d'expression soutiennent une démonstration rigoureuse d'esthétique historique.
Ancien élève de l'École normale supérieure, maître de conférences habilité à diriger des recherches à Paris Ouest Nanterre, Emmanuel Reibel est l'auteur entre autres des Musiciens romantiques, fascinations parisiennes (2003) et de Faust. La musique au défi du mythe (2008).
Comment la musique est devenue "romantique"
Ouvrage passionnant et fourmillant d'informations, MAIS une faute surprenante, surtout émanant d'un spécialiste, entâche l'ouvrage et laisse dubitatif quant à la véracité des autres propos tenus... Pages 100 à 104, il est fait référence au compositeur français Adolphe ADAM et à sa Méthode de piano publiée en 1804, de même que page 163 à son ouvrage "Charlotte ou le tombeau de Werther" datant de 1792. Or, Adolphe ADAM, auteur entre autres des opéras-comiques "Le Chalet" et "Le postillon de Lonjumeau" et du célèbre ballet "Giselle", est né en 1803 et mort en 1856. Difficile donc pour lui d'éditer une Méthode de piano à 1 an ! Quant à 1792...? En revanche, son père, Jean-Louis ADAM (1758-1848) était un pianiste virtuose et fut le premier professeur de piano du Conservatoire de Musique de Paris nouvellement créé. Vraisemblablement, c'est de lui qu'il s'agit dans cet ouvrage, et non de son fils, père de "Giselle" et de "Minuit, chrétiens". Bévue peut-être, mais fort malencontreuse dans un ouvrage d'érudition très spécifique. Personne ne corrige chez Fayard ? Dommage...