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Cela se passe entre 1941 et 1943, dans les Abruzzes. Non loin du Gran Sasso, cette écrasante montagne qui impose sa force tellurique comme une ombre portée sur le temps. Par une de ces décisions absurdes et nocives dont le fascisme est friand, les Chinois de la péninsule ont tous été internés ici et constituent une étrange communauté, dont le mutisme est peut-être la meilleure protection. Ils sont à un moment cent seize, parfois moins, parfois plus.
La vie s'écoule, sans but et sans substance. Un jour, les autorités organisent une grande cérémonie, drolatique et insensée, de conversion au catholicisme. Puis le labeur reprend, aux champs ou ailleurs, dans un mélange d'ennui, de désarroi et de fausse résignation, jusqu'au jour où tout bouge et où le groupe se disperse.
Est-ce parce qu'ils étaient une masse silencieuse et disciplinée, est-ce parce qu'ils venaient d'ailleurs, de cet Orient lointain, que l'Histoire les a gommés ?
L'auteur, en restituant une page oubliée de l'Italie mussolinienne, offre une métaphore de l'exil, de l'immigration et des menaces de l'intolérance.
Thomas Heams-Ogus a 34 ans.
Il est enseignant-chercheur en biologie. Cent seize Chinois et quelques est son premier roman.
A vous, Frères humains !
Cet exceptionnel premier roman d'un jeune auteur français Thomas Heams-Ogus, paru en 2010, lève le voile sur un pan méconnu de l'histoire italienne.
Au coeur des Abruzzes, Mussolini mit en place un réseau de camps d'internement pour les soi-disants indésirables du régime.
116 Chinois furent les proies des sbires du duce.
1942, 1941, 1943 : trois années, trois chapitres à la chronologie décalée qui accentue notre effarement à lire ces destins hors du commun.
Par une langue riche, inventive et précise, Thomas Heams-Ogus rend hommage à ces hommes que la machine dictatoriale aurait pu broyer et effacer des mémoires.
La force et l'exigence de son livre ravivent leur présence.
Prenons le temps de lire le nom de chacun d'entre eux, en dernières pages.
Plus qu'une empreinte sur le papier, ces noms nous appellent et nous disent : Regardez ! Des hommes ont vécu. Ils sont notre humanité !