Stephen Desberg se destinait en premier lieu à la musique, mais les hasards des rencontres lui ont permis de mettre un pied dans la bande dessinée, via de courtes histoires pour le journal « Tintin » et des séries tout public chez « Spirou » parmi lesquelles « Billy The Cat ». Cette dernière connaîtra d'ailleurs une adaptation en dessin animé, réalisée avec Colman. Se prenant au jeu, il scénarise ensuite de somptueux one shot avec le regretté Will.
Ces derniers amorcent une transition vers davantage de réalisme, registre dont Desberg va devenir l'un des grands. Né à Bruxelles d'un père américain, il a toujours suivi avec attention l'actualité de son « autre pays », et a beaucoup réfléchi à la nature profonde des États-Unis. De ces réflexions sont nées des séries telles que « I. R.$. », « Tosca », « Black OP », « Rafales » ou « Sherman ». Féru d'Histoire, il délaisse volontiers le contemporain pour des siècles plus anciens, allant de la Rome antique de « Cassio » au Far-West de « L'Étoile du Désert », en passant par l'Italie du dix-huitième siècle avec « Le Scorpion ».
Mais, toutes ses séries sont liées par cette volonté d'interroger la nature de l'homme, son besoin de croire, et sa capacité à utiliser le mythe (qu'il soit historique ou religieux) en tant qu'outil politique. Toujours proactif, il essaie également de faire évoluer le mode de conception des BD franco-belges en créant des séries parallèles à "I. R.$." avec les projets « All Watcher », « I. R.$. Team » ou encore l'ambitieux « Empire USA » conçu avec non moins de six dessinateurs.
Photo : L. Melikian
Né en 1970 au Chili, le pays de sa mère, Henri Reculé débarque en Belgique, la patrie paternelle, à l'âge de 14 ans. Il y suivra les cours d'illustration de l'Institut Saint-Luc à Liège. Il participe à un concours organisé par Le Lombard avec l'histoire complète « Le grand Veneur », en compagnie de Jean-Luc Sala (« Bakemono », « Crossfire »). Cette réalisation leur permet de remporter le premier prix et de publier
« La Légende de Kynan », leur premier album professionnel, en 1993.
Toujours au Lombard, Henri Reculé publie ensuite « Castel Armer », une geste épique en cinq albums dont il assure scénarios et dessins. Il fait alors la connaissance de Stephen Desberg, avec qui il signe le diptyque « Le Crépuscule des Anges » chez Casterman, « Les Immortels » chez Glénat, puis « Le dernier Livre de la Jungle » au Lombard. Aujourd'hui, Henri Reculé poursuit sa collaboration avec Stephen Desberg en participant à la saga contemporaine « Empire USA » chez Dargaud et en illustrant le thriller historique « Cassio » au Lombard.
Premier sang
Passé et présent vont se mêler. J'aime assez le fait de naviguer ainsi, un peu comme si nous avions une machine à voyager dans le temps. Et puis les fouilles, l'archéologie, ça me parle même si je n'en n'est pas fait vraiment sous cette forme. Mes études d'Histoire m'ont fait faire maintes recherches... Et c'est ce qu'a fait la belle Ornella Grazzi avant d'aller sur le terrain. Après, c'est un peu plus folklorique. On ne traduit que rarement aussi précisément des rouleaux de papyrus comme cela au moment de leur découverte. Tout comme on ne manipule pas ces derniers ou tout autre objets trouvés aussi abruptement (même si un peu plus loin, on retrouve des méthodes plus conventionnelles). Mais il faut bien qu'on avance dans l'intrigue.
Après on retrouve certaines vérités de l'époque : la vie des esclaves n'est rien, la violence et le raffinement de cette civilisation dont nous avons beaucoup hérité.
La décadence n'est plus si lointaine non plus. La corruption, les complots, les jeux de pouvoir... Tout y est.
Le graphisme est pas mal, en tout cas, parfaitement acceptable pour ma part. J'ai noté que le personnage d'Ornella Grazzi ressemblait fort à Pocahontas (version Disney). Simple hasard je pense, mais cela m'a fait sourire.
Belles couleurs et scénario intéressant.
C'est avec plaisir que je lirai la suite de ce premier tome.