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Dans cet ouvrage savant, mais parfaitement lisible, Francisco Naishtat explore une question philosophique majeure, qui est aussi l'une des " questions vives " de la pensée politique : celle des conditions de l'action collective et de la formation de ses acteurs, telle que permet de la repenser la pragmatique du discours. Mais il va au-delà d'une application, même créatrice, des catégories de "speech acts" et de " force illocutionnaire ", pour déboucher sur un renversement du point de vue dominant quant aux rapports du performatif et de l'institution.
Tirant parti de l'expérience des mouvements protestataires et utopiques liés à la " crise argentine " de la dernière décennie, il entreprend de refonder la pragmatique en lui incorporant la thèse (venue de Benjamin et d'Arendt) d'une force illocutionnaire non conventionnelle, qui déjoue les jeux de langage établis et institue l'horizon d'une "violence non violente". Cette proposition forte et originale ne restera évidemment pas sans effets.
Etienne Balibar.