Il est né avec des morceaux morts à l’intérieur, Ludlow. Aveugle de naissance. Placé en institut, un jour comme ça, tu as cinq ans et le monde disparait encore un peu plus.
Ludlow Washington, jeune noir aveugle va apprendre la musique. La musique qui vient de là où les yeux ne servent à rien. C’est la musique de l’âme, la musique du cœur, c’est la musique des tripes.
Car on se reconstruit, toujours un peu plus, on bascule aussi, souvent. Mais le jazz est cette lumière en bord de route, un phare qui rougit les ombres. Ludlow Washington joue de la trompette comme d’une
vision nocturne. Parce que ça aide, parce qu’on le reconnait. Et puis, ça attire les femmes.
Dans ces rades où se côtoient les hommes et les femmes de mauvaise vertu, où l’alcool coule à flots et l’air est embué de la fumée des cigarettes. Ces bars là-bas où se confinent ceux qui n’aiment rien tant que taper le bœuf jusqu’à des heures si avancées qu’on ne sait plus si on parle du jour ou de la nuit. Ludlow joue tout le temps parce que sa trompette c’est son salut, la barque qui flotte sur le fleuve du monde.
D’apprentissage en déceptions, d’amours commodes en passions sentimentales, Ludlow erre et balance, meurt et swingue en même temps. C’est les montagnes et la roulette russe tout à la fois.
Jazz à l’âme, c’est tout ça, une histoire de paumés, une histoire d’amours, une histoire d’ombres et de lumières. Des chemins pris de travers et des routes sous les projecteurs. Car Ludlow Washington est un prodige, ce serait de lui, dit-on, qu’émane une certaine modernité dans le jazz.
Le jazz est partout, avec ses mythologies et ses héros, avec ses pertes et ses fracas, le jazz se joue sans cesse, donne fièvre aux corps et sève aux existences.
William Melvin Kelley dessine en creux de ces joutes musicales le portrait d’un jeune homme incomplet mais total, qui fait l’expérience de la vie dans ce qu’elle offre de plus brutal, de plus douloureux. De plus magnifique aussi.
Jazz à l’âme, c’est prendre place au cœur d’un quintet et emprunter les sinueuses cavalcades de la création de soi.
jazz à l'âme
Aveugle de naissance, Ludlow est "vendu" à un institut spécialisé chargé d'apprendre la musique à des enfants, pour leur éviter la rue.
Il est racheté à l'âge de seize ans pour intégrer une formation de jazz, puis deviendra un trompettiste de renom.
Personnage ambivalent pour qui la couleur de la peau n'a pas de réalité, seuls l'ouïe et le toucher déterminent la ségrégation de ce monde monochrome et caricatural. Il fait l'apprentissage de la vie dans les bars de nuit et les bordels, n'ayant jamais eu d'éducation ni de sa famille, ni des membres de l'institut.
Alors, fermez les yeux et écoutez ce récit passionnant !