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Confiteor est un roman total, qui parle de notre monde sous un angle tragique et philosophique non dénué de lumière. Magnifiquement construit, avec des personnages principaux parfaitement campés et une myriade de personnages secondaires qui sont autant de pivots nécessaire au déploiement de l'Histoire, oui celle avec un grand H car ce roman revisite l'histoire de l'Occident au prisme d'un récit parfaitement maitrisé. Liberté et nécessité, amour, l'Inquisition, le nazisme, le franquisme, l'histoire, la mémoire, l'art, la société, l'individu, la beauté, l'aliénation, le mal et le bien, comptent parmi les thèmes majeurs, philosophiques et historiques, que ce livre-monde brasse avec une intelligence virtuose. Confiteor est de ces livres qui marquent l'esprit et vous emporte dans un vertige atmosphérique dont on se demande après l'avoir terminé comment on avait pu vivre sans jusqu'alors. Sublime.
Olivier Rey, mathématicien et philosophe, nous avait déjà fait grand plaisir avec ses passionnants « une question de taille » et « quand le monde s'est fait nombre »chez Stock ; il récidive avec le non moins percutant « Leurre et malheur du transhumanisme » chez Desclée.
Dans la lignée d'un Anders et d'un Jonas, il nous met face à la nouvelle marotte de puissants qui reconfigure actuellement le monde, et qu'on ne peut plus ignorer ; l'auteur lui-meme s'attaque au sujet comme pour une dissertation imposée par l'air du temps-en fait une rumeur infondée sur le net l'ayant fait passer
pour un spécialiste de la question, ce qu'il n'est pas, il relève le défi de cette tentative d'élucidation courageuse qui s'avère nécessaire, et nous rend compte ici avec brio de l'urgence qu'il y a pour tous à penser cette question. Celle du « transhumanisme ».
p89:« En guise de domination de l'esprit sur la matière une nouvelle version de qui fait l'ange fait la bête. » (et le bête...?) Car le statut de l'homme passant ainsi de "vivant politique à animal monitoré"(p40), il n'est pas assuré du tout que son âme n'y perde pas au passage...son essence ?
p158:"Il est nécessaire d'admettre que la nature a une consistance propre, une dignité intrinsèque. Faute de quoi, on ne peut que s'acharner à la soumettre totalement, jusqu'au saccage, ou s'évertuer à lui échapper totalement, jusqu'à l'anéantissement de ce que l'on est. Le transhumanisme fait les 2 à la fois. Il est l'un des fruits pourris de l'arbre à méconnaître la vie".
Effrayant (notamment autour de la p148 où est décrite la convergence avec le nazisme..) mais indispensable. Car, comme le dit l'auteur à la toute fin du livre, il faut parfois avoir le courage d'avoir peur. Et puis, la mort de la mort est peut-être bien le contraire de la vie.....
2005. Rachel a trente-cinq ans, un métier à la banque, un grand-père héroique et une famille nombreuse, dont la génalogie plonge ses racines sans l'histoire de la lutte pour la République Espagnole. Alvaro a quarante ans, un riche héritage, un père récemment décédé et au passé historique flirtant avec le nazisme et le fascisme. De leur rencontre vont surgir des questions profondes qui vont résonner dans l'Histoire, faisant de leur histoire d'amour un impossible -outre un "petit" problème d'adultère du coté de monsieur....Mais le coeur a ses raisons...etc... Ce livre m'a tant séduite que je l'ai lu trois fois de suite -c'est la première fois que cela m'arrivait- tant je m'étais attachée aux personnages, grâce à l'art consommé de la narration de la trop méconnue (en France) mais néanmoins grande Almudena Grandes. Un livre virtuose sur l'amour et sur l'histoire, sur la transmission et le pardon, écrit dans une langue absolument délicieuse -sans un mot de trop. 2 tomes qu'on avale en savourant...
2005. Rachel a trente-cinq ans, un métier à la banque, un grand-père héroique et une famille nombreuse, dont la génalogie plonge ses racines sans l'histoire de la lutte pour la République Espagnole. Alvaro a quarante ans, un riche héritage, un père récemment décédé et au passé historique flirtant avec le nazisme et le fascisme. De leur rencontre vont surgir des questions profondes qui vont résonner dans l'Histoire, faisant de leur histoire d'amour un impossible -outre un "petit" problème d'adultère du coté de monsieur....Mais le coeur a ses raisons...etc... Ce livre m'a tant séduite que je l'ai lu trois fois de suite -c'est la première fois que cela m'arrivait- tant je m'étais attachée aux personnages, grace à l'art consommé de la narration de la trop méconnue (en France) mais néanmoins grande Almudena Grandes. Un livre virtuose sur l'amour et sur l'histoire, sur la transmission et le pardon, écrit dans une langue absolument délicieuse -sans un mot de trop. 2 tomes qu'on avale en savourant...
2005. Rachel a trente-cinq ans, un métier à la banque, un grand-père héroique et une famille nombreuse, dont la génalogie plonge ses racines sans l'histoire de la lutte pour la République Espagnole. Alvaro a quarante ans, un riche héritage, un père récemment décédé et au passé historique flirtant avec le nazisme et le fascisme. De leur rencontre vont surgir des questions profondes qui vont résonner dans l'Histoire, faisant de leur histoire d'amour un impossible -outre un "petit" problème d'adultère du coté de monsieur....Mais le coeur a ses raisons...etc... Ce livre m'a tant séduite que je l'ai lu trois fois de suite -c'est la première fois que cela m'arrivait- tant je m'étais attachée aux personnages, grace à l'art consommé de la narration de la trop méconnue (en France) mais néanmoins grande Almudena Grandes. Un livre virtuose sur l'amour et sur l'histoire, sur la transmission et le pardon, écrit dans une langue absolument délicieuse -sans un mot de trop. 2 tomes qu'on avale en savourant...
"Se mettre en retard est devenu une véritable hantise. Si bien que tout nous porte à la précocité. Même les enfants aujourd’hui doivent se dépêcher de quitter l’enfance ; ils doivent aller vite – vite apprendre à lire, vite « maîtriser les apprentissages fondamentaux », vite aller de-ci, de-là. Avoir un enfant « précoce » est le rêve de tous les parents. Mais on pleure, quand la précocité généralisée se traduit aussi par des pubertés et des ménopauses précoces, de plus en plus fréquentes. Les nouvelles générations ont compris le message. Leur vie adulte est censée se dérouler entre 30 et 45 ans. Plus tôt, ils n’ont pas assez d’expérience pour vivre et travailler, fonder une famille et monter en grade. Ensuite, commencent les prémisses de la mise au rancard. Gare à celui qui est en retard. Est toujours tenu pour « anormal » ce qui est « attardé »."Comment sortir d'une conception gestionnaire de l'existence qui fige tout dans un éternel présent pressé? En étant, un petit peu, en retard....Façon de faire un pas de côté pour ressaisir un temps re-subjectivé, contre les injonctions actuelles à la performance, et d'inscrire sa vie dans la profondeur de la mélancolie et de la contemplation...Hélène l'Heuillet, psychanalyste, philosophe, maîtresse de conférences en philosophie politique et éthique à l’Université Paris-Sorbonne, nous y aide ici. Un essai agréable à lire, original et rafraîchissant...
Démoniaque? Divin....Difficile à croire que ce livre a été écrit par un humain, opticien-lunetier de profession, et juif (excommunié..)portugais exilé aux Pays Bas au 17ème siècle de son état civil. C'est pourtant vrai. Car chaque mot, signe, compte infiniment. A mon sens, Le Monument de la pensée occidentale. No comment...
Dissipons d'emblée un malentendu que risque d'induire le sous titre meme de cet ouvrage : il ne s'agit pas du tout de dire que les managers sont des nazis. Il s'agit de jetter toute la lumière qu'il mérite, sur un phénomène que son très sagace auteur a observé : les nazis ne sont pas d'une autre époque, d'un autre lieu, d'un autre monde. Leurs idées et leurs expérimentations irriguent bel et bien encore le monde d'aujourd'hui ici. Ils n'étaient pas des partisans d'un Etat fort jacobiniste mais bien d'une "polycratie", ne menaient pas leurs affaires "à la Schlague" mais bien à la "joie dans le travail", et parlaient flexibilité, objectifs, missions, projets, performances, concurrence."Si l"Etat, avec son organisation géométrique(...)est incapable de faire face aux urgences biologiques et historiques de l'heure, le foisonnement métastatique d'initiatives individuelles et le développement d'une concurrence institutionnelle peuvent aboutir aux solutions les plus rapides et les plus radicales"(p39-40) Johann Chapoutot poursuit son édifiant travail historique sur le nazisme et nous livre, après le très remarquable et remarqué "la Loi du Sang-Penser et Agir en Nazi" qui analysait le phénomène nazi sous trois axes pertinents ("Procréer"/"Combattre"/"Régner"), cet essai percutant qui n'a pas fini de faire parler. : cf sur France Culture dans Avis Critique de Raphael Bourgois samedi 11 janvier 2020 :" S’il fallait trouver un fil directeur dans ses travaux, ce serait l’idée que le nazisme n’est pas un accident de l’histoire, une exception allemande incompréhensible…mais bien un épisode ancré dans l’histoire européenne.C’est ce qu’il fait cette fois encore en se penchant sur la question du management, ou Menschenführung car les nazis goûtaient peu le terme anglo-américain. En effet, alors que le Reich est amené à s’étendre, à conquérir un lebensraum, un espace vital de plus en plus vaste, alors que la guerre envoie un nombre croissant d’hommes au front… il est impératif de faire mieux avec moins, d’améliorer les performances des entreprises comme des administrations. C’est la tâche qui est confiée à un homme, Reinhard Höhn, un juriste brillant qui gravira les échelons jusqu’au grade de Général de la SS. Johann Chapoutot articule son travail autour de ce Reinhard Höhn, qui ne sera que très peu inquiété après la guerre et fondera même une école de management prestigieuse qui a formé des générations de dirigeants d’entreprises allemands. Mais Libres d’obéir n’est pas un réquisitoire contre les managers il ne s’agit pas de dire que le management a des origines nazies ni qu’il est une activité criminelle par essence. En revanche, il montre bien comment ces réflexions s’inscrivent parfaitement dans le contexte intellectuel marqué par le racisme biologique et le darwinisme social… comment aussi elle révèle la méfiance des nazis pour l’Etat, et leur goût pour une certaine forme de liberté. ".
"Il y a une beauté en philosophie, une beauté en science, qui n'ont rien à voir avec la qualité littéraire, la beauté du style, mais avec la force avec laquelle les choses dont il est question sont révélées dans leur vérité.Un grand livre de philosophie peut bien être magnifique en ce sens où la lumière qu'il jette sur le monde nous le donne à voir en toute clarté comme nous ne l'avions jamais vu". (P275) Le livre de Hicham-Stéphane Afeissa est une très belle oeuvre -et l'on ne boudera pas d'avoir entre les mains un si bel objet- je n'ai plus jamais regardé une charogne de la même manière qu'avant sa lecture... Outre un lumineux et rigoureux commentaire d'un extrait de "la Poétique" d'Aristote (modèle du genre), on trouvera de très sagaces analyses d'oeuvres d'art du registre du macabre et de documentation scientifique sur l'anatomie, et de leur évolution historique, dans ce superbe livre, particulièrement densément documenté (les notes en bas de pages commentant les sources, aussi foisonnantes que précises, sont toujours passionnantes), qui est aussi une ode à la beauté de la nature. Ses amateurs en seront conquis et les autres, peut-être plus sensibles à l'histoire de l'art et/ou des sciences, convaincus tant le propos est fin, d'une hauteur de vue et d'une perspicacité inouies. Une véritable éducation du regard nous est offerte ici, qui s'inscrit dans la perspective d'une "esthétique cognitive de l'environnement".cf p 43 : "La conviction que cet essai entend faire partager est que les connaissance(...)approfondissent l'appréciation esthétique de la nature en liant le phénomène à la nature considérée dans son unité.Une esthétique cognitive de l'environnement(...)cherche à défendre l'idée que les sciences(...) peuvent contribuer à LIBERER le regard(....)-nous rendent capables de (..)nous émerveiller de sa puissance créative y compris dans les paysages les plus ordinaires et réputés "inesthétiques". " Baudelaire ne s'y était pas trompé non plus dans son célèbre "Une Charogne", qui est examiné aussi par notre auteur p 539. Et l'on conclura sur cette si belle et énigmatique phrase de Flaubert (cfp544/Correspondance) : "Le Fait se distille dans la Forme et monte en haut, comme un pur encens de l'Esprit vers l'Eternel, l'immuable, l'absolu, l'idéal".... Oui, cet essai a quelque chose d'idéal.
"La manifestation du vent de la pensée n'est pas la connaissance....
....; c'est l'aptitude à discerner le bien du mal, le beau du laid. Et ceci peut bien prévenir des catastrophes...(....)"p73
LE texte idéal pour entrer dans la pensée de l'immense Hanna Arendt. Y sont examinés les rapports entre la pensée, le jugement et la conscience. Y figurent en personnages principaux l'odieux Eichmann et le divin Socrate. Les "considérations morales" sont un modèle du genre, une vraie leçon de philosophie, dense, argumentée, et vivante. Précieux...