NOBLESSE ET POUVOIR ROYAL EN FRANCE. - XIIIème-XVIème siècle

Le 2 octobre 1370, Bertrand du Guesclin reçut l'épée de connétable du roi Charles V en présence des princes de " fleurs de lys ". Issu de petite noblesse, il refusa d'abord, se trouvant indigne de cet office, mais le roi lui imposa d'accepter le choix du Conseil. L'anecdote, bien connue, révèle une conception des relations entre le roi de France et la noblesse : respect de la hiérarchie mobilaire, participation des princes aux décisions de gouvernement, reconnaissance de la valeur militaire et humilité du chevalier devant le roi suzerain, dont l'autorité est respectée par tous. Elle peut s'interpréter comme une forme de propagande monarchique, mais elle exprime aussi un sentiment sincère de la noblesse française, sans correspondre complètement à la réalité historique de la fin du Moyen Age. A l'époque de la difficile naissance de l'Etat moderne, les résistances nobilaires ont provoqué de violentes tensions ; les nobles ont été à la fois les artisans et les victimes de la victoire militaire qui permit l'affirmation des droits du roi partout dans le royaume. Cette ambiguité fait l'intérêt du sujet, puisqu'il n'y a pas eu, et il ne pouvait pas y avoir, d'exclusion de la noblesse.