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"Où s'achèvent les rêves, où commence le réel ? Les rêves proviennent de l'intérieur, ils arrivent, goutte à goutte, filtrés, depuis l'univers que chacun de nous porte en lui, sans doute déformés, mais y a-t-il quoi que ce soit qui ne l'est pas, y a-t-il quoi que ce soit qui ne se transforme pas, je t'aime aujourd'hui, demain, je te hais - celui qui ne change pas ment au monde". Jens le postier et le gamin ont failli ne pas sortir vivants de cette tempête de neige, quelque part dans le nord-ouest de l'Islande.
Ils ont été recueillis après leur chute par le médecin du village, et le gamin, une fois de plus, a l'impression de revenir à la vie. Nous sommes au mois d'avril, la glace fondue succède à la neige et au blizzard. Après avoir repris des forces et fait connaissance avec quelques habitants comme cette jeune femme à la chevelure rousse qui met en émoi le gamin, tous deux peuvent finalement reprendre le bâteau pour retrouver une autre communauté villageoise, celle de leur vie d'avant : la belle veuve Geirþrúður, farouchement indépendante, le capitaine aveugle et sa bibliothèque, puis Andrea, la femme du pêcheur Pétur qui rappelle au gamin le pouvoir des mots.
Il lui a écrit une de ces lettres qui transforment un destin, l'enjoignant de quitter son mari au coeur si sec... Conjuguant le romanesque du récit d'aventure à la poésie du roman introspectif, porté par une narration où chaque mot évoque avec justesse les grandes questions existentielles - le passage du temps, l'éveil au désir, l'espoir d'une vie meilleure - aussi bien que la réalité de l'Islande de la fin du XIXe siècle, Le coeur de l'homme nous offre une lecture tout simplement bouleversante.
La poésie et le froid, 3
Le dernier volet de la trilogie propose le portrait vivant du quotidien d'un village islandais où le gamin, installé chez une femme forte, indépendante et riche, suit son apprentissage de la vie.
L'écriture, toujours en images et en musique, nous plonge dans cet univers fait de chagrin et de bonheur, de petitesse et de grandeur d'âme.
Le chant, l'un des plus beaux que j'ai pu entendre ces dernières années, se tait dans la beauté, entre la vie et la mort.