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Adeptes des contes fantastiques, laissez-vous embarquer dans un voyage folklorique au cœur des forêts estoniennes ! Écrit comme une saga nordique, ce conte plein de tendresse et d'humour nous emmène au côté du jeune Leemet, l'un des derniers hommes à connaître la langue des serpents, une langue qui a le mérite de pouvoir agir sur les animaux et même de réveiller la grande salamandre, mais que la plupart des hommes, devenus villageois, ont oublié. Porteur d'un monde en déclin, Leemet tente de sauver cette langue. À la fois profond et drôle, on croise dans cette fresque médiévale chevaliers, poux géants et autres créatures truculentes ! Ce récit n'est pas pour autant dénoué de réflexions philosophiques sur la décadence d'un monde et de critiques de la société estonienne. Un vrai régal de lecture !
Ce roman est complètement atypique, de la même étrangeté que La folie de Dieu de Juan Miguel Aguilera ou de La peau froide de Albert Sanchez Piñol. L'auteur y parle de son pays, l'Estonie au XIIIe siècle, une croisade d'« hommes de fer » envahit le pays. Il virevolte entre la fable philosophique, le pamphlet politique, la saga nordique et ses déchaînements de violence épique, un soupçon de fantasy qui réactive des créatures typiques de son pays et le roman initiatique. Mais il y a surtout Leemet, qui est le narrateur principal, et son regard incisif sur tout ce qui l'entoure, il nous raconte sa vie : Il nous parle de cette montée de la modernité qui métamorphose son pays et ses habitants, un peuple des forêts luttant pour ne pas disparaître face à la croissance des peuples d'agriculteurs qui composent les villages. Il décrit en y mettant beaucoup de rage et de vitriol, l'opposition entre religion chrétienne et religion païenne, l'auteur prend un malin plaisir à les renvoyer dos à dos, soulignant avec malice et une ironie explosive la vacuité et l'ignorance qui les président, présentant la première comme une nouvelle « mode » ayant ses groupies qui sont autant de moutons stupides, un opium qui rabaisse dans la fange l'esprit humain. Et la seconde comme une cohorte de traditions ineptes et dépassées. Leemet met aussi en avant cette relation perdue entre l'humain et la nature, il est le dernier homme à apprendre les mots des serpents, et ses connaissances menacent de sombrer dans l'oubli. Dans les forêts les reptiles sont ses seules compagnons, les ours y sont des dragueurs impénitents, des anthropopithèques y élèvent des poux géants, on y trébuche sur Meeme, ce « tas de feuilles pourries » toujours en position végétative allongée. Et la Salamandre est là quelque part, endormie.
#Chronique : L'homme qui savait la langue des serpents de Andrus Kivirähk
Lu dans le cadre du Prix Audiolib 2020, ce roman m'a sortie de ma zone de confort.
L'avez-vous lu ? Vous donne-t-il envie ?
Mon avis est à votre disposition sur le blog : http://www.leslecturesdelily.com/2020/05/lhomme-qui-savait-la-langue-des.html#more
Bonne lecture !
Il y a fort longtemps, les Estoniens vivaient en complète harmonie avec la Nature. Mais un jour, des chevaliers sont arrivés par la mer, et se sont installés, apportant avec eux la modernité et le christianisme. Beaucoup d'Estoniens, attirés par les moines et les chevaliers, se sont installés au village, pour cultiver la terre et adorer Jésus-Christ.
Ainsi, Leemet et sa sœur sont nés au village, mais suite à une série d'événements, sa mère a décidé de repartir dans la forêt avec ses deux enfants. Leemet a grandi dans le respect des traditions ancestrales, et a surtout appris
la langue des serpents ! Cette langue est extrêmement difficile à apprendre, il faut se muscler la langue, c'est douloureux... Mais au final, Leemet a maîtrisé complètement cette langue, permettant ainsi de parler aux serpents et de se faire obéir de tout les animaux.
Leemet vit heureux dans sa forêt, avec ses amis, déambulant et vagabondant. Il rend visite au dernier couple d'anthropopithèques éleveurs de poux, se rend parfois à la frontière de la forêt pour observer le village, cherche également une légendaire salamandre... Mais au fil des saisons, la forêt se dépeuple inexorablement : même le meilleur ami de Leemet finit par aller s'installer au village. La sœur de Leemet, faute d'hommes à épouser dans la forêt, se met en ménage avec un ours. Un prétendu sage travaille la résistance des derniers habitants de la forêt, les poussant à choisir la « modernité » et à renier toutes les coutumes ancestrales. Leemet va se retrouver seul, rescapé de l'exode, et sera bientôt le dernier gardien des lieux, le seul à se souvenir des traditions et de la langue des serpents...
L'homme qui savait la langue des serpents est un livre particulier, délicat, empreint de poésie... Une claque ! Andrus Kivirähk a écrit un livre déroutant, parfois drôle (surtout au début) et qui devient de plus en plus sombre au fur et à mesure que la forêt se vide de ses habitants. Il y a également plusieurs sujets et thèmes qui s'entremêlent, tels que la nature et l'écologie luttant contre l'apparition du « progrès » et de la technologie, il y a aussi beaucoup de batailles et de sang, l'apparition du fantastique avec cette magie qui se glisse de pages en pages... Vous y trouverez des femmes qui s'offrent aux ours séducteurs, des histoires d'amitiés brisés, la confrontation entre le Christianisme et les « païens », l'adaptation à un nouveau mode de vie, la tristesse de voir son monde disparaître...
L'homme qui savait la langue des serpents est souvent mélancolique et tragique, parsemé malgré tout d'humour et de joie, et surtout ne tombe pas dans le larmoyant inutile. C'est une œuvre profondément mélancolique et touchante, mais malgré tout parsemé d'espoir.
Un livre à lire absolument, je recommande ! Poétique et envoûtant, L'homme qui savait la langue des serpents est un livre particulier et touchant...
Bien sûr, tout comme moi, vous détestez les serpents ! Et pourtant ! En ouvrant ce livre, vous n’imaginez pas l’aventure que vous allez vivre en leur compagnie.
Vous y rencontrerez Leemet, enfant au début du roman, héros profondément attachant et narrateur de ce qui s'avère être une véritable fable décalée dont chaque épisode fourmille d'inventions surprenantes.
Vous y croiserez des ours libidineux qui se tressent des couronnes de pissenlits pour séduire les femmes, de sages serpents incompris qui méprisent les âneries fanatiques des humains, , un grand-père increvable
à la fureur jubilatoire qui se fabrique des ailes avec des os humains, une salamandre géante depuis trop longtemps endormie… Sans compter Leemet, héros follement attachant et terriblement seul face à la bêtise humaine qui refuse toutes les différences.
L'histoire parfaitement construite, parvient sans peine à jouer sur tous les registres, entre épique et burlesque, aussi bien capable d'émouvoir à l'extrême que d'arracher un sourire.
Drôle, touchant, philosophique, magique, parfois mélancolique, parfois tragique ce roman est une pépite, un livre qui ne ressemble à aucun autre et qui ne s’oublie pas.
Ambitieux de s’engager à faire une analyse de ce roman d’Andrus Kivirähk car derrière un conte fantastique se cache une critique de la société estonienne et de la société en général.
Tout d’abord, attardons nous sur le plaisir de lecture. Sous une plume aisée et simple, je me suis embarquée dans le monde de Leemet, ce jeune garçon né dans un village et reparti vivre dans la forêt avec sa mère à la mort de son père. Son oncle, Vootele, lui apprend alors la langue des serpents, un sifflement qui permet de communiquer avec les animaux. Ce langage difficile est en voie de disparition
mais il permet de se nourrir en soumettant les proies, de se défendre en s’alliant aux animaux et de parler avec les serpents. Sifflé en grand nombre, il permettait de faire sortir La Salamandre, animal mythique capable d’anéantir l’oppresseur.
Leemet sera sûrement le dernier homme à le pratiquer mais peut-être aussi le dernier homme de la forêt. Devant une vie de plus en plus difficile, les hommes partent un par un vers le village. Là, ils se baptisent, apprennent à cultiver, mangent du pain et servent les hommes de fer, chevaliers allemands et les moines.
Les deux populations, hommes des bois et villageois, se détestent et sont pourtant réduits aux mêmes esclavages. Les villageois sont soumis à la religion chrétienne, les hommes de la forêt craignent les dieux païens. Leemet refuse toute soumission et se retrouve inévitablement de plus en plus seul.
Ce récit allie plaisir de lecture et réflexion. Le plaisir vient de ces aventures étonnantes et épiques mais aussi et surtout des personnages. Leemet a comme meilleurs amis une vipère royale, un couple d’anthropopithèques éleveurs de pous, Meeme un tronçon d’homme alcoolique, un grand-père cul de jatte aux ailes d’oiseau, un beau-frère ours adorable mais coureur de jupons.
L’auteur mêle habilement le contexte historique et le langage moderne pour mieux montrer que ce conte met en image des valeurs de société intemporelles.
Les jeunes gens remettent en cause les valeurs conservatrices pour s’enthousiasmer pour les choses à la mode ( chants, idoles, manière de vivre). A dessein, ce qui les attire est bien évidemment ce que nous trouvons à notre époque moyenâgeux.
" Toute tradition a été un jour une innovation."
Pourtant, l’auteur ne critique pas davantage la religion chrétienne puisque Üglas, le sage du Bois sacré est tout aussi ridicule et cruel.
" Les gens sont toujours en train d’inventer un quelconque croquemitaine pour se dégager sur lui de leurs responsabilités."
" les génies, ça n’existe pas. Ce n’est pas d’eux qu’il faut avoir peur, mais des gens qui croient en eux.", belle dénonciation du fanatisme.
Voilà comment montrer agréablement l’évolution d’une société, des êtres qui s’adaptent physiquement à l’environnement, qui s’enthousiasment pour des nouveautés bien vite dépassées, qui tentent d’entraîner les autres sur un meilleur chemin sans comprendre qu’ils passent d’une soumission à une autre.
Que dire de cette fantastique épopée pour que le public français en fasse le succès littéraire qu'il connait déjà en Estonie? Peut-être que chacun y trouvera son compte...Les écolos découvriront une ode à la nature où l'on l'homme vit en symbiose avec le règne animal, ne prélevant que ce qui lui est nécessaire pour vivre. Les amateurs de fantastique pourront lire une histoire épique où un cul-de-jatte peut s'envoler dans les airs tel un oiseau, une salamandre peut repousser l'envahisseur si des milliers d'hommes lui en sifflent l'ordre. Les assoiffés de sang y trouveront
le récit de batailles sanglantes, de morts atroces, de rites sacrificiels. Ceux qui aiment rire seront comblés par la tournure comique de certaines scènes, quand les femmes de la forêt s'offrent aux ours patauds, mignons et terriblement séducteurs, quand les villageois se pâment devant le crottin de cheval que les chevaliers sèment dans les champs tandis que les filles s'émerveillent du chant des moines auxquels on coupe "les choses" pour rendre leurs voix plus mélodieuses, quand tous vénèrent Jésus comme une idole. Les historiens en apprendront beaucoup sur la culture estonienne, ses mythes, ses légendes. Et tous aimeront Leemet, le dernier homme à pouvoir parler avec les serpents. Il a bien essayé de vivre au village mais n'a pas su s'y adapter. Même si le récit de la disparition inéluctable de son mode de vie prend parfois des accents tristes et tragiques, ce n'est pas pour autant une histoire larmoyante et nostalgique, c'est juste le constat que l'avancée de ce qu'on appelle le progrès est inéluctable mais que l'on peut choisir de s'y soustraire, en toute connaissance de cause, quitte à être le dernier.
Il y aurait encore tant à dire mais l'ultime conseil sera : Précipitez-vous sur ce livre hors du commun!!
Maintenant Leemet est seul dans la forêt. Peut-être se rappelle t-il les paroles d’un moine : « Même si tu connais la langue des serpents et si ce n’est pas la langue du diable, à quoi elle peut bien te servir au jour d’aujourd’hui ? Avec qui vas-tu la parler ? La jeunesse, c’est à Jésus qu’elle s’intéresse, tout le monde n’a que son nom à la bouche, c’est un succès phénoménal » Andrus Kivirähk parle de la solitude de celui qui a choisi de rester, d‘ailleurs la première phrase de ce livre est : « Il n’y a plus personne dans la forêt ». Il reste et ne comprend
pas ceux qui sont partis au village, mais il est trop tard pour Leemet, depuis qu’il a appris et aimé la langue des serpents, il sait ou devine qu’il sera le dernier.
Andrus Kivirähk manie l’ironie, met dans la bouche des interlocuteurs un vocabulaire très moderne, décrit le christianisme comme un phénomène de mode, l’émasculation pour avoir la voix des castras et entrer dans les chorales comme le nec plus ultra : « Bien sûr que c’est le Christ. C’est l’idole des jeunes et mon idole à moi aussi ». Certaines scènes frôlent le fantastique, d’autres sont cruellement réelles.
Une fresque superbe qui, une fois lue, trotte dans la tête, alors on « refait le livre » comme d’autres « refont le match » et d’autres ouvertures arrivent. Je pourrais en parler jusqu’au bout de la nuit ! J’ai l’impression que cette chronique part dans tous les sens.
http://zazymut.over-blog.com/article-andrus-kivirahk-l-homme-qui-savait-la-langue-des-serpents-114090641.html
Andrus Kivirähk
A la fois saga nordique, conte fantastique, fresque médiévale, mélangeant l'épique et l'humour, le politique et le merveilleux, le chef d’œuvre de Kivirähk ne ressemble sans doute à rien de ce que vous avez lu auparavant. Dans une Estonie médiévale peu à peu envahie par un mode de vie Européen (maisons de pierre, armures de fer), le jeune Leemet sert de témoin - et résiste - à ce monde qui change, aux traditions qui se perdent, à la langue des serpents qui tombe dans l'oubli. Une écriture riche, des personnages attachants, un brin de malice. A lire, relire, faire lire.