A table chez Roland Dieterlé

La grande vallée du Rhin roule des flots paisibles. Acharné à son labeur de défrichement du lit rhénan, accumulateur de richesses pour ses deux berges enfin réunies sous un même ciel, le fleuve mythique des Nibelungen pousse son lancinant feulement : un fleuve, deux rives, mais une seule et unique source ! La fureur dévastatrice des hommes a toujours eu pour objectif la destruction et la conquête. Chacun de part et d'autre de l'eau courante cherchait des justificatifs fabriqués de toutes pièces pour dénaturer le cours des choses et diviser le lit nuptial de deux populations de même culture. Leur sororité a enfin réalisé que le temps vient de faire son œuvre bénéfique pour la fin de ce siècle au sombre profil. Le deuxième millénaire ouvre la porte à toutes celles et tous ceux qui ont su comprendre et saisir ce message. On est toujours de l'autre côté du fleuve, sans préciser lequel. Car les nuages et le vent savent jouer avec la surface de l'eau rhénane pour mieux s'affranchir de la terre : l'oiseau aux plumes légères l'a parfaitement compris puisque, depuis toujours, il est venu boire sur les berges et s'est envolé sur l'autre rive sans jamais présenter le moindre papier aux gabelous de tous poils. Les habitants de la vallée rhénane, plantés entre Vosges et Forêt Noire, sont désormais devenus ces oiseaux symboles du renouveau de notre belle région.