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Viens donc Jules, disait au bout d'un moment un buveur raisonnable, ne réveille pas les morts, ils ont bien trop de choses à faire, sers-nous donc une tournée... Et Grand-père quittait son piédestal, un peu tremblant, emporté sans doute par le souvenir de cette femme qu'il avait si peu connue, si peu étreinte, et dont la photographie jaunissait au-dessus d'un globe de verre enfermant une natte de cheveux tressés qui avaient été les siens et quelques pétales de roses à demi tombés en poussière.
Il saisissait une bouteille, prenait son vieux torchon à carreaux écossais et, lent comme une peine jamais surmontée, allait remplir les verres des clients.
Autrefois en Lorraine
C’est avec un plaisir non dissimulé que je me suis plongée dans la lecture de ce cours roman illustré des photographies de Jean-Michel Marchetti, et, publié par un éditeur nancéen bien connu.
C’est un petit garçon plein de nostalgie, Jules, qui exprime ici les quelques années heureuse qu’il a passées avec son grand père du côté de Sommerviller, qui tenait l’Excelsior…pas celui de la grande ville, celui aux belles verrières, « la bonbonnière aux chochottes ».Mais le bistro de village, où l’on se retrouvait ente hommes, pour refaire le monde, boire à l’abri des regards.
Ce qui lie Jules et son grand-père va bien au-delà de la tendresse, et de l’amour ; L’humour, la dérision, la finesse, la nostalgie d’un temps qui n’est plus, la vie jadis dans nos villages lorrains…tout cela avec le mot, et le ton justes, précis ; sans doute Philippe Claudel y a mis de son enfance pour en parler de façon si touchante.